Jeanne-Le-Peillet

Jeanne Le Peillet

Doctorante et artiste, fondatrice de Beink

Je souhaiterais fournir aux chercheurs un outil autonome de création graphique

En parallèle de son projet doctoral en génétique biomoléculaire, Jeanne Le Peillet passionnée de dessin et d’art a créé sa startup Be Ink. Découverte d’une doctorante rêvant d’être spécialiste en tout et dont le modèle est Léonard de Vinci. 

Pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours ? 
Jeanne Le Peillet : Après les classes préparatoires aux grandes écoles, j’ai intégré l’ENSAIA (École Nationale Supérieure en Agronomie et Industries Alimentaires) de Nancy. J’ai été diplômée de cette école en 2018 avec comme spécialités les biotechnologies. J’ai ensuite été ingénieure chargée de projet pendant un an. À cette occasion, j’ai participé à l’encodage de données numériques dans l’ADN avec Stéphane Lemaire et nous avons publié un brevet dont je suis co-inventrice. Il s’agissait d’encoder dans l’ADN deux textes originaux emblématiques : celui de la Constitution des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et celui un peu moins connu des droits de la femme et de la citoyenne écrit par Olympe de Gouge en 1791. Cette technologie pourrait être une solution, à la fois de grande capacité et économe en énergie, au stockage de données. C’était un projet interdisciplinaire comme je les aime et j’aurai pu rester chez Biomemory, la startup créée, mais je voulais poursuivre mon cursus en recherche fondamentale car le doctorat est un grade reconnu à l’étranger. En 2019, j’ai postulé au concours de l’école doctorale Complexité du vivant et j’ai été recrutée sous contrat doctoral. 

Quel est votre sujet de thèse ?
J.L.P : Je travaille sur l’adaptation cellulaire aux dommages à l’ADN, plus précisément sur le rôle d’une protéine (la Polo Kinase) dans la capacité qu’une cellule détériorée a de poursuivre son cycle cellulaire sans réparation, marquant le tout début d’un cancer. Je suis doctorante en 3ème année sous la direction de Zhou Xu, qui est un autre co-inventeur du brevet sur l’encodage. Je suis basée à l’IBPS (Institut de Biologie Paris-Seine), dans l’équipe du LCQB (Laboratory of Computational and Quantitative Biology) dirigée par Alessandra Carbone. Ma soutenance est prévue pour la mi-octobre 2022. 

Parlez-nous de Beink, votre société ?
J.L.P : Je suis artiste graphique depuis 10 ans et je réalise des visuels scientifiques à partir de commandes. Pour les scientifiques, faire réaliser un dessin prend de l’argent et du temps. En plus de mes prestations de dessin, je souhaiterais fournir aux chercheurs un outil autonome de création graphique. Il me manque la partie informatique, j’ai potentiellement un partenaire capable de m’aider dans le développement informatique et le machine learning mais nous sommes très en amont du projet. J’aimerais notamment évaluer si le projet intéresse la communauté scientifique et recueillir des signatures pour prouver l’intérêt vis-à-vis de potentiels investisseurs.

Comment avez-vous découvert Pépite ? Que vous apporte le statut national d’étudiant entrepreneur
J.L.P : À l’occasion d’un cours de dessin scientifique que j’ai suivi au Muséum National d'Histoire Naturelle, j’ai rencontré Anne-Laure Guieysse-Peugeot, directrice de l’enseignement et de la formation du MNHN qui m’a parlé de Pépite. Comme j’étais à Sorbonne Université, je devais rejoindre le Pépite de l’établissement dans lequel j’étais inscrite. J’ai donc rencontré Valérie Patrin-Leclère et Nathalie Delorme qui m’ont ensuite convaincue de faire le diplôme D2E (diplôme Étudiant entrepreneur) que j’ai intégré en octobre dernier. Au départ, j’avoue que cela prenait du temps mais j’ai trouvé tout l’intérêt notamment avec la rencontre de mon mentor Milan Stankovich qui va m’accompagner dans la création de cette deuxième entreprise. Pépite c’est aussi un réseau énorme, il y a beaucoup d’autres façons de voir l’entreprenariat. 

Quels conseils donneriez-vous aux doctorantes et doctorants ?
J.L.P : Le projet doctoral prend beaucoup de temps mais laisse quand même la possibilité de faire autre chose. En doctorat, vous pouvez avoir une vie épanouie, une vie sociale. Tout est possible. Quoique vous ayez envie de faire, si vous en avez la volonté, vous allez y arriver. Deuxième chose, sortez des cases, des sentiers battus. Créez vous-même votre offre d’emploi. Il faut montrer aux gens qu’ils ont des options, plusieurs solutions possibles. Et relativisez les choses. Posez-vous la question de ce qui est prioritaire pour vous. Tout dépend aussi de votre vécu. 

Comment voyez-vous l’avenir ?
J.L.P : J’aimerais continuer à développer des idées innovantes dans le domaine de la science, au service des problématiques actuelles de nos sociétés.


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