UMS-Autonomie, un centre de santé dédié aux personnes en perte d’autonomie
Le mercredi 4 décembre, Sorbonne Université et l'AP-HP ont inauguré l'UMS-Autonomie, premier centre de recherche et d'innovation en Île-de-France dédié aux personnes en perte d'autonomie. Située à l'hôpital Charles-Foix AP-HP à Ivry-sur-Seine, cette unité mixte de service offre un espace unique au croisement de l'hôpital, de la ville et du domicile. Ouvert aux partenaires publics et privés, elle favorise le développement de synergies et de collaborations en conditions de vie réelle.
UMS-Autonomie va mettre à disposition des chercheuses et chercheurs, et des personnes touchées par la perte d’autonomie un espace de 1600 m² pour créer et évaluer collectivement des innovations technologiques. Sa directrice, Christine Boutet -Rixe répond à nos questions.
Qu’est-ce qu’UMS-Autonomie ?
Christine Boutet-Rixe : UMS-Autonomie consiste à héberger et à accompagner temporairement des chercheuses et chercheurs qui portent des projets d’innovation en faveur des personnes en perte d’autonomie. Ce grand centre de recherche, opérationnel dès 2025, abritera une large proposition d’innovations technologiques mises à disposition des usagères et usagers concernés pour qu’ils puissent procéder ensemble à des tests cliniques et établir des protocoles, dans le respect de la recherche impliquant la personne humaine.
UMS-Autonomie est la première unité mixte de service constituée entre Sorbonne Université et l’AP-HP. L’idée de cette unité mixte de service est d’allier les forces de ces deux entités. L’AP-HP apporte son expertise en matière de recherche clinique ainsi que les patientes et patients volontaires de l’AP-HP tandis que Sorbonne Université possède un vivier de scientifiques travaillant sur les innovations technologiques, intéressés par des investigations cliniques en présence des utilisatrices et utilisateurs finaux.
À quels besoins répond UMS-Autonomie ?
C.B-R. : L’objectif principal est de chercher à améliorer la qualité de vie d’une patiente et d’un patient en perte d’autonomie. Mais encore faut-il savoir comment ! C’est justement l’essence-même d’UMS-Autonomie. L’idée de cette plateforme est née il y a cinq ans en partant du constat qu'une bonne partie des innovations technologiques commercialisées pour compenser la réduction d’autonomie était abandonnée. Ces innovations pouvaient être prometteuses, mais ne répondaient pas toujours efficacement aux problèmes concrets que rencontrent certains patients dans leur quotidien.
C’est notamment ce que nous avons réalisé en procédant à une centaine d'interviews de personnes concernées par des besoins supplémentaires pour améliorer la qualité de vie face à la perte d’autonomie ou aux situations de handicap. Avec UMS-Autonomie, nous avons voulu réfléchir dans le sens inverse : partir concrètement des difficultés des personnes pour ensuite imaginer, concevoir et expérimenter une solution, en mesurer l’efficacité sur le long terme pour rendre cette solution disponible le plus rapidement possible.
En clair, placer le patient au cœur du projet ?
C.B-R. : Tout à fait ! UMS-Autonomie est un site dans lequel on peut reconstituer quasi à l’identique tous les scénarios possibles de la vie quotidienne. Par exemple, au sein du domicile. Les personnes en perte d’autonomie, les aidants, les chercheuses et les chercheurs pourront se réunir la journée dans un logement témoin avec salon, cuisine, chambre et salle de bain. Dans ce cadre, des innovations technologiques pourront être imaginées et testées dans ces différentes pièces, en fonction des besoins et des difficultés des personnes.
Autre exemple, celles en insuffisance respiratoire qui expriment leur difficulté à véhiculer les lourdes bouteilles d’oxygène, notamment pour monter des escaliers. Ainsi, l’escalier connecté, banc d’essai réservé à l’expérimentation, permettra d’imaginer et de tester des innovations permettant de répondre à cette contrainte. Expérimenter sur ce site permet de ce fait de reproduire leur environnement et mettre à disposition ces innovations au plus vite. Si les résultats s’avèrent concluants au fur et à mesure de l’avancée de la recherche, elles serviront ensuite au quotidien.
Le site UMS-Autonomie offre par ailleurs la possibilité de tester des innovations à l’extérieur. Une rue sur laquelle circulent des voitures est prévue pour que la personne teste de nouvelles solutions dans ce cadre.
UMS-Autonomie est une structure ouverte de manière à devenir un véritable accélérateur et facilitateur d'innovations technologiques pour les chercheuses et chercheurs du secteur public et privé. La plateforme est ouverte aux industriels, aux PME et aux start-up dès lors qu’ils ont un projet à proposer nécessitant de faire appel à des patients de l’AP-HP ou à des volontaires sains.
Quelles sont les ressources financières et humaines dont disposent UMS-Autonomie pour lancer un tel projet ?
C.B-R. : La création du site a nécessité d’importants travaux de réhabilitation d’un bâtiment de l’hôpital Charles Foix AP-HP. Pour cette rénovation, UMS-Autonomie a bénéficié d’un financement régional de 6,1 millions d’euros dans le cadre du contrat plan État-Région en Île-de-France. En avril dernier, nous avons aussi été lauréat Sésame Filières - France 2030, financé à parité par l’État et la Région, à hauteur de 2 millions d’euros dans l’objectif de faire émerger de nouveaux partenariats pour une innovation plus efficace.
Ces financements nous aident pour l’installation, mais aussi pour des équipements dédiés aux projets de recherche, tout en nous permettant d'accroître dans les trois prochaines années notre équipe pluridisciplinaire. Nous sommes quatre actuellement et souhaiterions l’étendre à une vingtaine de personnes. Enfin, les financements apportés par Sorbonne Université et l’AP-HP nous ont permis de lancer un appel à manifestation d’intérêt auprès des innovateurs afin de recevoir sur la plateforme les premiers projets courant 2025.
Trois projets de recherche sélectionnés
- LBO-MOB, dirigé par le Pr. Éléonore Bayen, cheffe de service de médecine physique et réadaptation à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, vise à explorer les bénéfices d'une thérapie innovante auprès de 50 patients ne pouvant plus marcher seuls en raison de limitations de mobilité d'origine gériatrique et neurologique.
- AGIR-AVC, mené par le Dr. Rebecca Haddad, MCU-PH et cheffe de service de médecine physique et de réadaptation à l'hôpital Rothschild, évalue l'efficacité de l'auto-rééducation guidée par un dispositif innovant proposant des jeux pour stimuler la motricité et la cognition chez les survivants d'un AVC.
- DYSMOB-COPD, sous la direction du Pr. Thomas Similowski, pneumologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière et directeur de l'UMRS 1158 Inserm-Sorbonne Université, et de Marie-Cécile Nierat, ingénieure de recherche à la même UMRS, teste les effets de la stimulation cérébrale sur l'essoufflement chez des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).