Mario-Arico

Mario Arico

Docteur 2020 en robotique médicale et porteur d’un projet d’entreprenariat

Aujourd’hui, je travaille à la création de Twinical, un projet entrepreneurial qui a pour but de développer une technologie logicielle pour la planification et la navigation chirurgicale des patients atteints de cancer hépatique

Nous avions rencontré Mario lors des Doctoriales 2019 et nous l’avons retrouvé quelques années après en passe de créer son activité. Cheminement d’un créateur en herbe.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?
Mario Arico : J’ai une formation d’ingénieur biomédical obtenue à l’école polytechnique de Milan. J’ai ensuite intégré Baxter, un grand groupe industriel, en Belgique où j’ai exercé un peu plus d’un an. La recherche me motivait vraiment alors j’ai postulé à une offre de thèse dans le laboratoire de robotique ISIR et sur un sujet que j’avais choisi, avec pour directeur de thèse Guillaume Morel. Après deux entretiens, j’étais ravi d’être recruté mais c’était un saut dans le vide. Je changeais de pays et de langue !

Pendant mon parcours doctoral, j’ai contribué au développement d’une plateforme robotique pour l’assistance à la chirurgie digestive. En particulier, j’ai étudié l’influence de la qualité des systèmes de mesure sur la facilité d’utilisation des interfaces homme-machine. Mon sujet avait une application pratique et rentre dans le cadre de la numérisation du bloc opératoire. Il permet d’assister le chirurgien, avec un bénéfice pour le patient. J’ai développé un logiciel qui repositionne la caméra automatiquement. Ce logiciel a donné lieu à la création d’une licence utilisée maintenant par la société Moonsurgical.

Vous avez soutenu en 2020 : quel a été l’impact du COVID-19 sur votre thèse ?
M.A. : Tout d’abord, ma soutenance a été retardée. Je devais soutenir en avril 2020 et j’ai soutenu en novembre 2020. Au moment du premier confinement, j’étais en phase de rédaction. J’avais fait globalement toutes les manipulations et celle prévue sur des sujets a été finalement abandonnée. La soutenance s’est fait virtuellement, à distance. Petite anecdote, je me suis retrouvé sans connexion dans le nouvel appartement dans lequel je venais d’aménager. J’ai dû trouver une solution de repli ce qui a été une cause de stress juste avant la soutenance. Dernière conséquence de la soutenance en visio-conférence : il n’est pas facile de répondre à un rapporteur qui n’allume pas sa caméra. Je me suis retrouvé face à cette situation.

Quel était votre projet professionnel au cours de votre thèse ?
M.A. : Pendant la thèse, je me posais la question de rester dans la recherche. J’ai eu envie d’explorer d’autres possibilités. En 2019, j’ai participé aux Doctoriales, un séminaire d’une semaine autour de la valorisation de la recherche et la création d’entreprise et j’en ai un souvenir assez heureux. J’y ai découvert comment on dirige une entreprise, comment on évolue dans le milieu industriel. Par la suite, je me suis inscrit au Business Foundation Certificate dans le cadre de l’Alliance Sorbonne Université avec l’INSEAD. C’était avant le premier confinement, donc les cours étaient en présentiel. Des cours interactifs, avec des exercices en groupe. J’ai rencontré des gens qui avaient la même envie que moi. À l’issue de ma thèse, j’avais deux objectifs : rester dans le domaine médical et être indépendant, c’est-à-dire ne pas avoir quelqu’un à qui je doive rendre des comptes.

Où en êtes-vous maintenant, en septembre 2022 ?
M.A. : Pendant l’année 2021, j’ai eu quelques propositions de postes que j’ai refusées, car j’ai déjà travaillé pour un grand groupe et ce n’est pas ce que je cherchais. Aujourd’hui, je travaille à la création et à la structuration de la start’up Twinical, un projet entrepreneurial qui a pour but de développer et commercialiser une technologie logicielle pour la planification et la navigation chirurgicale des patients atteints de cancer hépatique. Notre technologie pourra, on l’espère, s’intégrer dans les blocs opératoires.  Elle améliorera les suites chirurgicales en diminuant au maximum le sacrifice d’organe sain imposé par la résection du cancer. En particulier, notre logiciel permettra de planifier des opérations en réalisant des hépatectomies virtuelles en phase préopératoire. Elle améliorera la précision chirurgicale en augmentant numériquement la vision peropératoire.

Twinical est en train de devenir une réalité grâce aussi à deux éléments fondamentaux. Tout d’abord une équipe fondatrice, alignée sur les objectifs et sur la vision à long terme de l’entreprise. Deuxièmement, les partenariats avec des institutions publiques : la SATT Conectus nous accompagne actuellement dans le parcours de valorisation de la technologie, qui a été développée grâce à une collaboration pluriannuelle entre le laboratoire INRIA de Strasbourg et l’hôpital Paul Brousse de l’AP-HP. Le 4 juillet dernier, nous avons été nommées « Lauréats Grand Prix » du concours d’innovation i-Lab 2022. C’est une marque de confiance de la part de la Banque Publique d’Investissement (BPI), qui nous permettra d’avancer avec confiance et détermination dans cette aventure entrepreneuriale.

Quels sont les conseils que vous pourriez donner aux doctorantes et doctorants ?
M.A. :
Le doctorat est une épreuve parce qu’il y a l’incertitude de la recherche. Nous n’avons pas conscience que ce que nous avons fait est valorisable ou peut être valorisé. La recherche, ce n’est pas seulement écrire des articles et de participer à des conférences. L’idée de pouvoir capitaliser sur son travail de recherche n’est pas répandue. L’idée de création d’activité est une idée qui prend forme au fur et à mesure. Créer une start’up est un pari sur la capacité à structurer une organisation. Le pari est risqué mais la récompense, si cela réussi, est pour soi aussi… Alors apprenez à valoriser vos idées, à communiquer et à savoir dire non.

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