Thomas Guieysse

Doctorant en 3ème année

3 ans de thèse pour apprendre à prononcer le mot « anosognosie »

Quand la maladie devient invisible

Notre capacité à analyser l’état de notre corps est étonnante. Si vous avez de la fièvre, vous me direz que vous êtes malade car l’apparition des symptômes vous a fait prendre conscience de la maladie.

Pourtant, il a été observé que certains patients atteints de maladies neurologiques n’étaient pas conscients d’être malades. C’est ce qu’on appelle l’anosognosie. Les personnes qui en sont atteintes ne peuvent donc pas évaluer les déficits dont elles souffrent. Il ne s’agit pas d’un déni, car on sait que l’anosognosie est causée par des lésions cérébrales. Pourtant, on ne connait pas encore les mécanismes à l’origine de ce syndrome. D’ailleurs, son évaluation clinique reste assez subjective.

J’effectue ma thèse à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en étudiant des patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui sont anosognosiques, c’est-à-dire qui ne sont pas conscients de leurs troubles cognitifs et notamment de leurs troubles de mémoire. Ainsi, mes objectifs principaux sont à la fois de mieux comprendre les mécanismes neuronaux qui seraient à l’origine de l’anosognosie, et de pouvoir développer une interface cerveau-machine capable de rendre le diagnostic clair. A ces fins, j’utilise différentes approches en imagerie cérébrale ainsi que des outils mathématiques. Au-delà du bénéfice médical, faire comprendre à l’entourage d’un patient qu’il est anosognosique, c’est également le protéger de lui-même des risques qu’il aurait pu prendre, n’ayant pas conscience de ses troubles.