• Sociologie

Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne

UMR 8598 - GEMASS

  • Unité mixte de recherche

Le Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne (GEMASS) est une unité mixte de recherche (UMR 8598) associée à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
 
Les chercheurs et chercheuses du GEMASS ont en commun une même ambition scientifique : contribuer à la production d’un savoir sociologique empirique rigoureux étroitement articulé à la théorie sociologique. Cette ambition va de pair avec une conception générale de la sociologie comme science susceptible de produire des résultats solides. Elle s’accompagne également d’une volonté de diffusion de ces résultats sur des supports nationaux et internationaux réputés.

Identification

Directeur : Michel DUBOIS
Directrice adjointe : Solenne CAROF

École doctorale de rattachement :
Concepts et langages (ED433)

Tutelle(s) autre que Sorbonne Université :
CNRS

CNRS site Pouchet
59-61, rue Pouchet
75017 Paris

Maison de la recherche
28, rue Serpente
75006 Paris

site internet du centre
Fiche ScanR

Présentation

Le Groupe d’étude des méthodes de l’analyse sociologique de la Sorbonne (GEMASS – UMR8598) est un laboratoire de sociologie généraliste associé à Sorbonne Université et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Le laboratoire a été fondé en 1971 par Raymond BOUDON qui l’a dirigé jusqu’en 1998. Mohamed CHERKAOUI l’a ensuite dirigé de 1999 à 2009, année où l’unité a par ailleurs fusionné avec le Centre de recherches sociologiques de la Sorbonne fondé par François CHAZEL, avec lequel il entretenait déjà des liens étroits de collaboration scientifique. Olivier GALLAND a dirigé le GEMASS de 2010 à 2018. Pierre DEMEULENAERE et Gianluca MANZO en ont été respectivement le directeur et le directeur-adjoint intérimaires en 2018-2019 avant que Michel DUBOIS prenne la direction du laboratoire à compter du 1er septembre 2019, avec Beate COLLET comme directrice-adjointe (jusqu'en mars 2023). A compter du 1er janvier 2025, Solenne CAROF devient la nouvelle directrice-adjointe du laboratoire.

 Axes de recherche

  1. Mécanismes, réseaux et inégalités
  2. Sciences, croyances et cognition
  3. Normes, marchés et santé

 

1. Mécanismes, réseaux et inégalités

Responsables : Cyril Jayet et Gianluca Manzo

L’étude empirique des inégalités sociales constitue un élément central de l’identité scientifique du GEMASS depuis sa fondation. Les analyses des inégalités scolaires et de la mobilité sociale dans plusieurs sociétés proposées par Raymond Boudon dans L’Inégalité des chances au début des années 1970 ont conduit d’autres chercheurs du laboratoire à poursuivre l’investigation de la stratification sociale dans une variété de directions.

L’une d’entre elles a été la réalisation répétée (en 1974, 2009 et 2013) d’enquêtes originales par questionnaire en population générale sur la perception des inégalités. Une autre piste de recherche a consisté à comparer les différents systèmes d’éducation dans les pays de l’OCDE, ainsi qu’à élaborer de nouvelles mesures des inégalités d’opportunités éducatives. Enfin, l’étude de la mobilité sociale a été approfondie à partir de l’analyse secondaire de données de la statistique publique : analyse de l’évolution temporelle de la mobilité intergénérationnelle ainsi que de ses liens avec l’expansion et la démocratisation scolaires ; mise en lumière de l’importance de l’immobilité sociale à des niveaux d’agrégation variable de la profession ou encore étude de l’évolution de la mobilité de carrière.

L’étude des inégalités sociales est étroitement liée à la notion de mécanisme, Boudon ayant proposé d’en faire dès L’Inégalité des chances la brique de base d’une stratégie de recherche ambitieuse. Une stratégie qui ne se contente pas de décrire une régularité macroscopique mais s’efforce également de formuler des hypothèses précises sur la séquence complexe d’actions, de motifs et d’interactions ayant pu progressivement conduire à l’émergence de la régularité macroscopique qu’il s’agit d’expliquer. En s’appuyant sur des méthodes innovantes (comme la simulation informatique à base d’agents artificiels), plusieurs chercheurs du laboratoire ont ainsi développé cette stratégie et ont élaboré des modèles formels des mécanismes générateurs de différentes formes d’inégalités telles que les inégalités dans la distribution des diplômes, des sentiments de frustration relative et du prestige ou encore des inégalités de genre et dans la distribution de la production scientifique.

La structure des interactions et leurs propriétés étant un ingrédient crucial d’un mécanisme pour comprendre la transition entre les niveaux microscopique et macroscopique, ces travaux ont progressivement conduit le GEMASS à consacrer une attention croissante et spécifique à l’analyse des réseaux sociaux et à leurs effets, que ce soit dans le cadre d’études de diffusion ou bien de recherches plus descriptives de différents types de réseaux numériques. L’intuition que la notion de mécanisme puisse aider à renforcer le côté explicatif de la sociologie a par ailleurs conduit plusieurs chercheurs à développer la stratégie des mécanismes générateurs sur le plan programmatique en contribuant au développement international du mouvement intellectuel dit de sociologie « analytique ».

L’axe Mécanismes, réseaux et inégalités a vocation à fédérer et stimuler des travaux de recherche qui portent sur au moins l’un de ces trois mots-clés tout en mettant l’accent sur la fertilité heuristique de leur croisement. L’axe se veut pluraliste sur le plan théorique mais il est particulièrement attentif aux travaux ayant une ambition explicative forte basés sur l’utilisation de concepts clairs et d’hypothèses explicites et facilement compréhensibles. L’axe est ouvert à différentes orientations méthodologiques mais il entend stimuler tout particulièrement des méthodes de collectes et de traitement de données innovantes et rigoureuses, que ces données soient quantitatives ou qualitatives. Il prête une attention particulière aux enjeux de réplicabilité, de transparence et d’ouverture des données et des méthodes utilisées. Cet axe est aussi étroitement lié aux programmes de la Licence et du Master de sociologie de Sorbonne Université qui offrent plusieurs cours en matière de sociologie analytique, de sociologie computationnelle, de sociologie des réseaux et de sociologie de la stratification sociale.   

2. Sciences, croyances et cognition

Responsables :  Gérald Bronner et Floriana Gargiulo

Comment les connaissances, les croyances et les représentations collectives se forment et circulent dans les sociétés ?  Pour répondre à cette interrogation classique, l’axe Sciences, croyances et cognition articule diffèrentes traditions d’études des sciences, de sociologie des croyances et de la cognition. Mobilisant des approches qualitatives et quantitatives, il vise à produire une connaissance rigoureuse des processus sociaux et cognitifs qui façonnent la circulation des savoirs et des croyances.

Une attention particulière est accordée aux dynamiques de production et de diffusion de la connaissance scientifique à différentes échelles, depuis les pratiques de laboratoire jusqu’aux grandes transformations globales de la communauté scientifique. Les travaux portent sur des enjeux majeurs comme l’image publique des sciences, l’intégrité scientifique, la science ouverte, la montée de l’interdisciplinarité, les effets des technologies émergentes (notamment l’intelligence artificielle) sur la recherche et l’information, ainsi que la structure géopolitique des réseaux scientifiques mondiaux. Les membres du GEMASS privilégient fréquemment une approche interdisciplinaire mêlant sociologie des sciences, science des données, et systèmes complexes.

En s’appuyant sur la sociologie des croyances et la psychologie cognitive, cet axe explore également les dynamiques de compétition cognitive, l’économie attentionnelle, le rôle des nouvelles technologies de communication sur la prolifération de croyances infondées, et les réponses institutionnelles contre la désinformation. Il s’intéresse aux processus cognitifs à l’œuvre dans la transmission des savoirs et croyances. Il analyse les biais cognitifs, les mécanismes d’apprentissage social, les effets collectifs de jugement erroné, et les stratégies possibles de correction cognitive à grande échelle. Dans un contexte de transformation rapide des régimes de production et de circulation des savoirs, marqué à la fois par l’hyperconnectivité informationnelle et la fragilisation des repères épistémiques et normatifs, cet axe contribue ainsi à décrypter les tensions actuelles entre expertise scientifique, croyances collectives et dynamiques d’opinion.

3. Normes, marchés et santé

Responsables : Pierre Demeulenaere et Marie Trespeuch

L’axe Normes, marchés et santé du GEMASS s’inscrit dans la continuité des travaux croisant économie et sociologie dans le laboratoire et s’enrichit d’une thématique émergente, la santé.

La sociologie économique comme l’économie institutionnaliste insistent sur l’importance des règles d’organisation de la vie économique. La question de la justification de ces règles reste dans une large mesure peu étudiée. Celle-ci est explorée de deux points de vue. L’un, à partir de la littérature économique, consiste à étudier les prises de position normatives des économistes vis-à-vis des règles régissant la vie économique, au-delà de la notion d’optimum de Pareto (et ses variantes). Est également abordé le problème des externalités négatives afin de montrer qu’il déborde les considérations strictement économiques. L’autre s’intéresse aux jugements plus « ordinaires » sur les normes à adopter au regard de la vie économique (notamment à partir des enquêtes sur la question).

Le fonctionnement des marchés est également un champ important de la sociologie économique actuelle. Les travaux sur les enjeux de la réputation, notamment dans les univers artistiques, politiques ou encore scolaires et de leur volet numérique avec « l’e-réputation », reposent sur une synthèse de la littérature et des études de cas permettant de mobiliser et de travailler ce cadre théorique pour identifier les mécanismes communs de construction et de gestion des effets de la réputation, positive, négative ou ambivalente, et leur variabilité selon les mondes sociaux et les positionnements dans la hiérarchie sociale. Par ailleurs, la sociologie des marchés se déploie également en suivant la numérisation progressive d’usages et d’activités professionnelles : le développement d’applications et de plateformes numériques ont des effets non neutres sur l’emploi et la protection sociale, en particulier pour des populations jeunes, comme les étudiant.es.

L’intégration de la santé dans cet axe est l’occasion de souligner l’intrication des enjeux économiques et normatifs associés aux pratiques de santé. Les décisions concernant les traitements, les médicaments et les interventions médicales sont souvent guidées par des considérations économiques, comme le coût des soins de santé et la rentabilité des investissements dans la recherche et le développement. Tout comme elles peuvent soulever des questions morales et éthiques, notamment en ce qui concerne la distribution équitable des ressources, l’autonomie des patients, le respect de la vie privée et la prise de décisions médicales en fin de vie. Ces questions normatives peuvent être complexes et controversées. Parmi les travaux en cours, la gestation pour autrui est analysée comme un « marché contesté », puisque cette méthode d’aide médicale à la procréation soulève un nombre important de débats éthiques et juridiques aujourd’hui, tout en suscitant des flux transnationaux de personnes et de capitaux à travers le monde. Un autre volet concerne les patients experts dont le travail et la mobilisation sont transformés par l’avènement d’une médecine hautement technologique. Cette thématique est développée à partir de recherches collectives sur le cancer et les maladies rares. Il s’agit ainsi d’analyser le développement de la génomique et la manière dont les innovations peuvent transformer ou non les trajectoires des patient.es et des proches. L’enjeu est de comprendre comment et sous quelles conditions une innovation pour la recherche peut devenir une innovation pour le soin.  Enfin, le développement d’une innovation de traitement des cancers pédiatriques via une immunothérapie cellulaire appelée CAR-T-cells est de son côté analysé en soulignant le rôle des différents acteurs de la chaîne organisationnelle des CAR T-cells (médecins, chercheurs, administratifs, industrie pharmaceutique, régulateurs, etc.) et les conditions matérielles, administratives, éthiques, juridiques et financières de cette innovation thérapeutique – en leucémie d’abord, puis dans les tumeurs solides en oncopédiatrie française.

Publications sur HAL - Archive ouverte

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  • Chapitre d'ouvrage

Les mariages forcés entre construction sociale et expérience de l’imposition familiale

Emmanuelle Santelli, Beate Collet

Thiara K. Ravi, Stéphanie Condon, Monika Schröttle. Violences envers les femmes en Europe : genre, ethnicité et racisme, Éditions Pétra, 2021, intersectionS, 978-2-84743-270-1. ⟨halshs-01981871⟩

  • Chapitre d'ouvrage

A generic conceptual framework for describing transitions in settlement systems

Laure Nuninger, Lena Sanders, Arnaud Banos, Frédérique Bertoncello, Anne Bretagnolle, Christophe Coupé, Stefani Crabtree, Robin Cura, César Ducruet, François Favory, Jacques Ferber, Jean-Luc Fiches, Alain Franc, Pierre Garmy, Julie Gravier, Jean-Marie Hombert, Lahouari Kaddouri, Timothy Kohler, Samuel Leturcq, Thérèse Libourel Rouge, Pierre Livet, Elisabeth Lorans, Florent Le Néchet, Hélène Mathian, Lucie Nahassia, Marie-Jeanne Ouriachi, Denis Phan, Denise Pumain, Sébastien Rey-Coyrehourcq, Xavier Rodier, Clara Schmitt, Cécile Tannier, Franck Varenne, Céline Vacchiani-Marcuzzo, Elisabeth Zadora-Rio

Sanders L. Settling the World : From Prehistory to the Metropolis Era, Presses universitaires François-Rabelais, Chap 2, 2021, Perspectives Villes et Territoires, 9782869068551. ⟨hal-03480382⟩

  • Article dans une revue

From cellular memory to the memory of trauma: Social epigenetics and its public circulation

Michel Dubois, Catherine Guaspare

Social Science Information, 2020, pp.053901841989760. ⟨10.1177/0539018419897600⟩. ⟨hal-02494363⟩

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