Toky Ratovomanana

Toky Ratovomanana

Docteur entrepreneur

Mon sujet de thèse a été le point de départ de mon projet entrepreneurial

Docteur spécialiste en bio-informatique et génomique, Toky Ratovomanana a créé, avec son directeur de thèse, la startup MSInsight pour valoriser l’outil diagnostique en cancérologie qu’ils ont développé. Il nous raconte son aventure entrepreneuriale.

Quel a été votre parcours à Sorbonne Université ?

Toky Ratovomanana : Originaire de Madagascar, j’ai intégré une licence de biologie à l'université d'Évry, puis un master de bio-informatique à Paris-Saclay. Intéressé, par la médecine personnalisée, j'ai ensuite fait mon stage de master 2 dans l’équipe « Instabilité des microsatellites et cancers » dirigée par le Pr. Alex Duval au centre de recherche Saint-Antoine. J’ai obtenu une bourse de thèse de la région Île-de-France en 2018, et j’ai commencé un doctorat en bio-informatique et génomique des cancers dans cette équipe. 

Sur quoi porte votre projet d’entreprise ? 

T. R. : Mon sujet de thèse a été le point de départ du projet entrepreneurial. Au cours de mon doctorat, j’ai développé un outil diagnostique pour identifier les cancers microsatellites instables (MSI) grâce au séquençage à haut débit. Caractérisés par des altérations génétiques au niveau des séquences de l’ADN, ces cancers sont la première cause de cancer héréditaire. Ils touchent environ 15 000 patients en France et 750 000 dans le monde.  
Avec le Pr. Duval, nous avons eu l'idée de créer la startup MSInsight pour valoriser cet outil innovant. Notre objectif est de le diffuser largement auprès des biologistes et oncologues dans les centres de lutte contre le cancer et les centres hospitalo-universitaires afin qu’un grand nombre de patients puissent en bénéficier.
En janvier 2021, nous avons déposé avec l'Inserm un brevet pour cet outil baptisé MSI-Care.

En quoi cet outil est-il important ?

T. R. : Le diagnostic des cancers MSI est primordial. Les patients qui arrivent à l’hôpital sont en général à un stade très avancé et leur pronostic vital est engagé s’ils ne reçoivent pas le traitement adéquat. Un retard ou une erreur dans le diagnostic pourrait donc les condamner. Les performances de notre outil ont été testées sur plus de 500 patients et se révèlent supérieures à celles du test de référence utilisé actuellement dans le monde. 
MSI-Care pourrait ainsi rapidement devenir la nouvelle méthode de référence dans ce domaine.

Que vous a apporté le diplôme d’étudiant-entrepreneur (D2E) de Sorbonne Université ?

T. R. : En cherchant des formations à l'entrepreneuriat, j'ai découvert ce diplôme via Instagram. Cela correspondait exactement à ce que je ciblais pour compléter mon parcours scientifique. J'ai été accepté en 2021 et l'aventure a commencé. Grâce au D2E, j’ai appris à manier le langage entrepreneurial et m’initier aux business plans, aux levées de fonds, etc. 

La présence des encadrants et des autres étudiants crée, en plus, une dynamique motivante pour mener son projet. Cela constitue un vrai avantage pour se lancer. 

Où en êtes-vous aujourd’hui dans le développement de l’entreprise ? 

T. R. : J'ai soutenu ma thèse en décembre dernier et suis désormais salarié de la startup. Je m’occupe du développement technique et de l’infrastructure technologique de la société. Le Pr. Duval est, quant à lui, responsable des programmes de recherche et développement et préside le conseil scientifique. Nous avons également fait appel à Olivier Exertier, cadre dirigeant dans la santé et la recherche biomédicale, pour la direction générale de la société, les levées de fonds et la présidence du conseil de surveillance. Nous sommes également entourés de conseillers scientifiques issus de différents hôpitaux. 

En 2021, nous avons décroché la bourse French Tech Emergence de 90 000 €. Nous avons également obtenu une levée de fonds auprès d'une société de business angels et le prix Pépite Ile-de-France 2021. Ce prix va nous permettre de financer l'audit du logiciel MSI-care nécessaire pour obtenir le marquage « certificat européen ».

Quelles sont vos perspectives ?

T. R. : Notre premier objectif aujourd’hui est que cet outil soit utilisé en routine à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, afin de recueillir de nouvelles données. Nous développons également une version plus avancée du logiciel, qui permettra d’effectuer le diagnostic, à partir d'un simple échantillon de sang, sans avoir recours à la biopsie. Enfin, nous souhaitons diffuser l’outil d’abord sur le marché français, puis en Amérique du Nord, en Europe et au Japon.

Quels conseils donneriez-vous à une ou un doctorant qui veut créer son entreprise ?

T. R. : Il faut se lancer et développer les moyens d'atteindre son objectif. Je pense qu’il est important, pour cela, de se former sur l’aspect entrepreneurial et de ne pas hésiter à discuter de ses projets, de ses envies avec d’autres personnes. C’est en en parlant qu'on arrive à mieux construire son projet, à se remettre en question et à avancer sereinement.