Manon Sanchez

Manon Sanchez

Etudiante en licence de biologie et Lexie, son chien d’assistance

Avec Lexie nous formons un binôme. La relation entre le bénéficiaire et son chien est une dynamique qui se fait dans les deux sens

Etudiante en deuxième année de licence de biologie, Manon Sanchez est accompagnée par Lexie, son chien d’assistance. Elle nous raconte comment cette jeune golden retriever l’aide à surmonter son handicap dans sa vie quotidienne comme à l’université.

Vous avez Lexie depuis un an. Comment vous assiste-t-elle dans votre quotidien ?

Manon Sanchez : Victime d’une paralysie cérébrale à la naissance et d’une maladie inflammatoire, je souffre de douleurs et de fatigue chroniques ainsi que de troubles moteurs qui m’obligent à me déplacer en fauteuil. Lexie réalise toutes ces tâches qui paraissent banales mais qui sont difficiles pour moi : ramasser des objets, ouvrir des portes, allumer les lumières, me déshabiller, alerter quelqu’un si je tombe, etc.

Grâce à elle, je gagne énormément de temps et d’énergie. Elle connait une cinquantaine de commandes qui m’évitent de demander de l’aide en permanence à mes proches, ce qui est très pesant.

De quelles aides disposez-vous à Sorbonne Université par rapport à votre handicap ?

M. S. : Le campus Pierre et Marie Curie est tout à fait accessible aux personnes handicapées. Je bénéficie par ailleurs d’un accompagnement de la part du service handicap santé étudiant : un secrétaire m'aide à prendre des notes, je bénéficie d'un tiers-temps pour les examens et j'ai un badge pour accéder à tous les ascenseurs du campus.

A l'université, Lexie m’apporte un vrai plus en m’aidant à enlever mon manteau, à ranger mes affaires, à appeler les ascenseurs, à rentrer en contact avec d’autres étudiants, etc. 

Manon Sanchez et son chien Lexie

Manon Sanchez et son chien Lexie © Sorbonne Université - Pierre Kitmacher

Comment Lexie a-t-elle été accueillie sur le campus de la faculté des Sciences ? 

Quand je l'ai emmenée pour la première fois sur le campus, j’étais très stressée. J’avais peur qu’elle aboie en cours, qu’elle ne tienne pas deux heures sans bouger dans l’amphi, qu’elle ait envie de jouer. Mais finalement tout s’est très bien passé.

J’avais prévenu mes enseignants et les étudiants de ma promo pour leur expliquer ma situation, l’arrivée de Lexie et pourquoi il était important de ne pas la caresser afin de ne pas la déconcentrer. Elle a été très bien intégrée et suit tous les cours.

Qu’a-t-elle changé dans votre vie ?

M. S. : Lexie constitue un formidable lien social. Avant, les étudiants ou les personnes dans la rue n’osaient pas venir vers moi. Ils ne savaient pas forcément comment aborder mon handicap. Depuis que j’ai Lexie, ce premier contact est beaucoup plus facile. Ils viennent me voir, me posent des questions sur elle. C’est aussi l’occasion pour moi d’expliquer mon handicap.

Lexie m’apporte également un vrai soutien moral. Il y a des jours qui sont difficiles et elle me redonne de la vie et de la joie. Et parce qu’il faut la sortir quotidiennement, cela m’oblige à ne pas me laisser aller ou me renfermer chez moi, même quand je suis fatiguée

Quelles ont été les démarches pour bénéficier d’un chien d’assistance ? 

M. S. : Après mon bac, je me suis installée seule à Paris. Sans l’aide de mes proches, je me suis vite rendue compte de mes limites. J’ai fait une demande auprès de l’association Handi’chiens 1. C’était un choix mûrement réfléchi car prendre un chien implique aussi des contraintes et des responsabilités, comme le sortir, l’emmener chez le vétérinaire.

Les démarches sont longues. L’association vérifie notre niveau de motivation et si notre handicap et notre mode de vie nous permettent de gérer les besoins du chien. Après un entretien de huit heures, mon dossier a été sélectionné puis j’ai attendu un an avant d’avoir Lexie (ce qui est assez rapide, le temps d’attente étant de 6 mois à 3 ans).

La formation d’un chien d’assistance coûte 15 000 € et est entièrement prise en charge par l’association. Les chiens sont élevés pendant un an et demi en famille d’accueil où ils se sociabilisent et apprennent les commandes de base (marcher en laisse, s’asseoir, etc.) avant d’être formés à une cinquantaine de commandes par des éducateurs spécialisés de l’association pendant six mois.

L’association nous présente ensuite plusieurs chiens afin de choisir celui qui est le plus adapté à notre caractère et à notre handicap. Puis, nous passons quinze jours en centre de formation pour apprendre à « parler le chien », à interagir avec lui, à mieux le connaître et le gérer dans différentes situations.

Que représente Lexie pour vous ?

M. S. : C’est un chien qui a une grande place dans ma vie. Avec Lexie nous formons un binôme. La relation entre le bénéficiaire et son chien est une dynamique qui se fait dans les deux sens. Je lui apporte toute mon attention, je l’emmène partout où je vais, je la stimule beaucoup. Elle adore par exemple apprendre de nouvelles commandes, comme défaire mes attelles, ouvrir la poubelle, aller chercher une bouteille d’eau dans le frigo, mettre mes vêtements dans le panier à linge, etc. Pour elle, c’est un jeu qui lui permet de se défouler intellectuellement. Et pour moi, c’est une présence qui m’aide quotidiennement et moralement.

Manon Sanchez et son chien Lexie

Manon Sanchez et son chien Lexie © Sorbonne Université - Pierre Kitmacher


1 L’association Handi’chiens remet gratuitement des chiens d’assistance pour les personnes handicapées moteur, des chiens d’aveugles, des chiens d’éveil pour les polyhandicapés ou autismes, des chiens détecteurs de crises d’épilepsie… L’association réussit à satisfaire près de la moitié des demandes. 1500 chiens sont actuellement en activité en France.

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