"SOUND doit permettre de faire entendre notre voix sur des grands défis planétaires"
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"SOUND doit permettre de faire entendre notre voix sur des grands défis planétaires"

Entretien avec Pierre-Marie Chauvin, porteur politique du projet SOUND et vice-président Arts, Sciences, Culture et Société.

Quelques mois après le lancement de SOUND, Pierre-Marie Chauvin fait le point sur l’avancée et les perspectives de ce projet transdisciplinaire d'envergure.

Quelles perspectives le projet SOUND va-t-il ouvrir pour l’Alliance Sorbonne Université ?

Pierre-Marie Chauvin : Il doit nous aider à structurer et à mettre en valeur  la richesse et la force collective de l’Alliance. SOUND prolonge ce qui a été initié avec les Instituts et Initiatives pluridisciplinaires, avec un angle stratégique particulier : la volonté de mieux partager nos savoirs et de mieux peser sur des grands enjeux, en consolidant notre « signature ». Avec un budget de 30 millions d’euros sur 10 ans (2023-2032), son échelle est intéressante au regard des tensions budgétaires des universités et du poids du court terme dans le financement de la recherche. Cela doit donner de l’oxygène pour les collègues voulant s’impliquer dans les démarches science / société, en soutenant également la production scientifique fondamentale via des thèses et postdoctorats dédiés. Concrètement, environ un tiers du budget sera consacré à financer de l’activité scientifique, à travers des contrats doctoraux et postdoctoraux. Ces contrats supplémentaires, disciplinaires et interdisciplinaires, devront entrer en étroite connexion avec notre stratégie d’ouverture des savoirs, que ce soit par leur thématique, leurs méthodes, leur dimension partenariale et les démarches de médiation ou participation qu’ils contiendront.

Le projet va également donner des moyens pour renforcer nos liens, internes et externes, via des postes administratifs dédiés, mais aussi en facilitant la mobilité de collègues au sein de l’Alliance, en finançant des évènements, des actions éditoriales et des projets de médiation pour mieux partager nos savoirs avec des publics cibles.

Au-delà des expertises individuelles, cela doit nous permettre de faire entendre notre voix sur des grands défis planétaires. Pour ce faire, trois grandes thématiques ont été identifiées : « Sociétés en mutation », « Mondes durables » et « Approche globale de la santé ». Au sein de chacune, des priorités thématiques plus précises nous permettront de nous positionner de manière singulière, au plus près de nos forces disciplinaires et interdisciplinaires.

Pouvez-vous faire un point d’étape depuis la réunion de présentation du projet en avril ?

P.-M. C. : Depuis cette première réunion, nous avons recruté une cheffe de projet en juin, lancé un appel à candidatures pour piloter les trois thèmes et sélectionné et positionné six pilotes en septembre. Puis nous avons travaillé avec eux sur les priorités thématiques de chaque programme et sur la constitution de comités scientifiques qui vont les accompagner. Chaque pilote étant lié à une discipline, à une faculté ou à un membre de l’Alliance, l’objectif est d’avoir une représentation de collègues en prise avec une diversité de disciplines, mais aussi des types de regards et d’ouverture sur la société qu’offre l’Alliance. En parallèle, nous avons ciblé des premiers recrutements à opérer dans les prochains mois pour accompagner les actions de 2024, dans le champ de la médiation et de la communication scientifiques notamment.

En résumé, nous avons posé les premières briques pour pouvoir agir de manière concertée, organisée et progressive. L’objectif du projet SOUND est aussi de nous aider à tester et mettre en place de nouveaux modes de discussion, de décisions et d’actions collectives, et à réfléchir à la façon dont les champs académiques peuvent s’organiser pour mieux peser dans les transformations du monde.

Quelles sont les prochaines étapes ?

P.-M. C. : La journée du 22 novembre sur l’engagement de l’Alliance pour les jeunes publics sera le prochain grand rendez-vous. Après la réunion d’information et d’échanges avec nos personnels du mois d’avril, il s’agit de mieux informer et d’impliquer les étudiantes et étudiants, avec un plateau « Radio Sorbonne » sur l’engagement étudiant, organisé autour des trois grandes thématiques de SOUND. Ce sera également l’occasion de lancer « l’université des enfants et adolescents », un projet important qui vise à fédérer nos actions diverses avec les jeunes publics (lycées, collèges, écoles). Nous présenterons les actions déjà portées par un grand nombre de collègues, très riches mais souvent méconnues au-delà des disciplines concernées.  L’enjeu est de les rendre plus visibles, mieux articulées, et de pouvoir les renforcer par la suite.

La prochaine grande journée transversale de ce type aura lieu le 26 avril 2024 autour des sciences participatives dans l’Alliance.

P.-M. C. : En parallèle, un séminaire pluridisciplinaire animé par Laurent Petit, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’INSPÉ (faculté des Lettres), sera lancé en 2024. Intitulé « Comment peser ? Les nouvelles voies et voix de l’expertise », il posera les questions des relations science – médias – politiques, autour des thématiques de SOUND. Il sera prioritairement destiné à nos collègues, scientifiques comme administratifs qui veulent travailler sur les questions d’influence et de médiations entre les scientifiques et certaines sphères de pouvoir.

Nous pourrons également créer en 2024 les contrats doctoraux et postdoctoraux en lien avec les priorités thématiques identifiées. Un travail d’articulation avec ce qu’offrent déjà les Instituts et Initiatives pluridisciplinaires de l’Alliance est nécessaire et reste encore à mener. Certaines actions pourront être convergentes et se renforcer mutuellement, d’autres complémentaires. Globalement, deux écueils sont à éviter dans ce genre de grand projet: la concentration excessive de moyens sur un tout petit nombre de priorités étroites ou de structures, et le saupoudrage sur une constellation d’objets ou d’acteurs très hétérogènes. Le ciblage actuel de quelques priorités thématiques fortes est donc indispensable, tout comme le fait de créer une dynamique collective incluant une diversité de disciplines et de profils, et le fait d’agir de manière commune avec des partenaires externes bien ciblés.