Lucas Ravaux © Pierre Kitmacher
  • Pôle universitaire d'innovation

Lucas Ravaux, coordinateur du PUI : « C’est peut-être là le premier grand succès du PUI : installer une nouvelle culture de l’innovation au sein de l’Alliance »

Le Pôle Universitaire d’Innovation (PUI) de l’Alliance Sorbonne Université s’affirme comme un acteur clé du transfert de technologie et de l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Lucas Ravaux, directeur adjoint de de la recherche et de l'innovation, et coordinateur du PUI à Sorbonne Université, revient sur les ambitions, les spécificités et les perspectives de ce dispositif, à l’aube de l’ouverture de la Cité de l’innovation.

Quels sont les principaux objectifs du Pôle Universitaire d’Innovation de Sorbonne Université ?
Lucas Ravaux :
Le PUI de l’Alliance Sorbonne Université s’inscrit dans une dynamique nationale qui vise à structurer et à renforcer les dispositifs d’innovation autour des universités. L’objectif premier est d’améliorer l’efficience de ces dispositifs en décloisonnant les acteurs et en favorisant une articulation plus fluide entre les différentes structures d’accompagnement. Là où, historiquement, l’innovation était pilotée principalement par des organismes de valorisation ou d’incubation comme la SATT Lutech ou Agoranov, le PUI réaffirme le rôle central de l’université comme chef d’orchestre.

En quoi se distingue-t-il des autres PUI en France ?
L.R. :
La spécificité du PUI de Sorbonne Université réside dans sa pluridisciplinarité. Contrairement à d’autres PUI plus thématiques, il couvre un large éventail de domaines. Il ambitionne de mieux détecter les innovations issues de disciplines historiquement moins représentées comme les sciences humaines et sociales.

Une autre caractéristique distinctive du PUI est son implantation dans un lieu emblématique, la Cité de l’innovation Sorbonne Université. Celle-ci est conçue comme une interface à double vocation : interne, en rassemblant les acteurs de la chaîne de l’innovation sous une identité commune, et externe, en s'ouvrant à la société civile. 

Depuis sa labellisation en 2021, quels succès notables le PUI de Sorbonne Université a-t-il enregistrés en matière de transfert de technologies et de collaborations avec le monde socio-économique ?
L.R. :
Même si les effets quantitatifs prennent du temps à émerger — les cycles d’innovation sont naturellement longs — le PUI a déjà opéré un changement de philosophie dans la façon d’aborder le transfert. Là où les démarches administratives pouvaient auparavant retarder l’accompagnement de projets, une dynamique de coopération et de réactivité s’est instaurée.

Grâce aux comités unifiés de valorisation, les réponses aux chercheuses et chercheurs sont plus rapides. On dépasse la logique de concurrence pour une logique d'optimisation de l'accompagnement. C’est peut-être là, au-delà des chiffres, le premier grand succès du PUI : installer une nouvelle culture de l’innovation au sein de l’Alliance.  

Pouvez-vous nous partager des exemples de projets ou d'entreprises qui ont émergé grâce au soutien du PUI ?
L.R. :
Plusieurs startups ont vu le jour. Parmi elles, Lutèce Dynamics issue de l’Institut de la Vision, ou MovaLife Microrobotics, qui ont bénéficié de plusieurs dispositifs du PUI. L’exemple le plus emblématique reste Welinq, accompagnée dès la prématuration, passée par Agoranov et qui sera hébergée dans la Cité de l’innovation. 

Comment le PUI et la Cité de l'innovation de Sorbonne Université vont-ils collaborer pour renforcer l'innovation et le transfert de connaissances ?
L.R. :
Même si la Cité de l’innovation a un périmètre bien plus vaste que le PUI, ces deux entités sont parfaitement complémentaires. La Cité de l'innovation sert en quelque sorte de support ou d'écrin à la majorité des acteurs qui jouent un rôle clé dans ce domaine. Le PUI en est une partie intégrante, même si son rôle se concentre sur l'animation et l'accompagnement. 
Cette collaboration s’articulera à plusieurs niveaux : des comités conjoints, des programmes co-construits, et un personnel mutualisé entre Sorbonne Université et les partenaires comme Agoranov ou la SATT Lutech. Il s’agit de créer un véritable continuum d’accompagnement, où chaque acteur apporte son expertise. 

Quels services ou infrastructures spécifiques la Cité de l'innovation offrira-t-elle pour soutenir les missions du PUI ?
L.R. :
La Cité comprendra trois grands pôles : un hôtel d’entreprises pour les startups issues du PUI, un espace d’incubation géré par Agoranov, et un espace événementiel ouvert au public. Des espaces de travail mutualisés permettront aussi aux équipes de Sorbonne Université, de la SATT Lutech et d’autres acteurs de collaborer au quotidien.

La Cité sera également le lieu d’initiatives comme le programme Startups à l’école développé par Agoranov. Son principal objectif est de contrer l'image parfois « bling-bling » et réductrice des startups dans les médias. Elle sert à montrer aux élèves du secondaire la richesse des carrières et des métiers liés à l'innovation issue de la recherche, en les mettant en contact avec des fondateurs de startups, en organisant des rencontres, en leur proposant des défis, en leur présentant les métiers… 

Avoir accès à un bâtiment comme la Cité aussi visible et symbolique pour accueillir ces échanges est une opportunité précieuse et en parfaite adéquation avec les objectifs du PUI.

Comment les publics étudiants, doctorants et les chercheuses et chercheurs de Sorbonne Université seront-ils impliqués dans les activités du PUI et de la Cité de l'Innovation ?
L.R. :
Les chercheuses et chercheurs sont impliqués quotidiennement, ils sont au cœur des activités du PUI, qui structure désormais la quasi-totalité des dispositifs de valorisation de leurs travaux. Nous souhaitons aussi capitaliser sur une communauté d’anciens chercheurs pour accompagner les nouveaux porteurs de projets.

Quant aux doctorantes et doctorants, ils sont déjà considérés comme des acteurs à part entière de l’innovation, dès lors que leurs projets s’appuient sur la recherche. Ils bénéficient d’un accompagnement adapté. Ils ont naturellement vocation à continuer d'être des ambassadeurs et de profiter de ces services. 

Pour le public étudiant, notamment via le programme Pépite, l’articulation reste à affiner. Le défi est de mieux identifier les projets réellement innovants et de recherche, pour qu’ils puissent trouver leur place dans le PUI. La réflexion est en cours pour construire un pont plus clair entre formation, entrepreneuriat et innovation, dans une logique d’écosystème cohérent.

Propos recueillis par Pauline Ponchaux