Thibaut Sorret

Thibault Sorret

Etudiant-entrepreneur

C'est bien de vouloir changer le monde, mais c'est mieux d'y travailler. 

Etudiant au sein du diplôme Etudiant-Entrepreneur de Sorbonne Université, Thibault Sorret a lancé, en 2020, Wildsense, une startup qui aide les forestiers à veiller sur leurs écosystèmes à partir d’images satellites. Il nous raconte son parcours de jeune entrepreneur engagé au service de la biodiversité.

Quel a été votre parcours universitaire ? 

Thibault Sorret : Après avoir grandi en Chine, je suis parti en 2014 à l'université McGill au Canada pour entamer des études de commerce. Parallèlement, j'ai intégré une startup dans le domaine de l’agriculture urbaine à Montréal, en tant que coordinateur des ventes puis manager d’équipe. Cette expérience a été très enrichissante car j’ai pu vivre la transformation d’une petite société de 50 employés en une entreprise de 500 salariés, en seulement quatre ans, avec tous les challenges que cela implique.

En 2018, je me suis inscrit à l'université d'Edimbourg, dans un cursus à distance en biodiversité. Arrivé en France à l’été 2020, j'ai décidé de valider le diplôme d'Etudiant-Entrepreneur (D2E) de Sorbonne Université.

Comment est né votre projet entrepreneurial ?

T. S. : L’an dernier, l’un de mes amis m’a fait part de problèmes qu’il rencontrait dans la gestion de sa forêt : les arbres étaient ravagés par des insectes et il ne savait pas quoi faire. Durant mon master à l’université d’Edimbourg, j’avais découvert le potentiel des applications satellitaires dans la veille des écosystèmes et notamment des forêts. J’ai eu l’idée d’exploiter ce potentiel pour prévenir les infestations d’insectes. J’avais envie de monter une entreprise, le timing était bon. Je me suis lancé et j’ai créé Wildsense.

Quel service propose votre startup ?

T. S. : Nous offrons une veille sanitaire aux forestiers : nous détectons et cartographions les risques, notamment ceux liés aux insectes ravageurs. Grâce à ces cartes, nos clients peuvent ensuite vérifier précisément l’état des arbres sur le terrain et faire des coupes sanitaires aux endroits où débutent les infestations avant que les insectes ne se propagent. Pour identifier les zones à risque, nous utilisons des images satellites à partir desquelles nous entraînons un modèle d’intelligence artificielle. Ces analyses se fondent sur le fait que la signature spectrale d’un arbre malade diffère de celle d’un arbre sain, un peu comme la fièvre augmente chez les êtres humains infectés par un virus. Et cette signature est visible sur les images satellites.

Quelles grandes étapes ont jalonné l’existence de Wildsense ?      

T. S. : Nous nous sommes lancés dans cette aventure en automne 2020. En décembre, j'ai embauché un géomaticien et un ingénieur en télédétection, qui exploitent les données satellitaires pour créer des modèles, ainsi qu’une commerciale. J’apporte, quant à moi, une expertise en biodiversité pour affiner les propositions des ingénieurs.

En janvier 2021, nous avons sorti un premier prototype et en février, nous avons signé deux projets pilotes avec des coopératives forestières pour nous assurer de la fiabilité de nos modèles. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire une levée de fonds auprès d’investisseurs afin d’accélérer notre expansion.

Comment Sorbonne Université  vous a-t-elle accompagné dans la création de votre entreprise ?

T. S. : Le diplôme étudiant-entrepreneur (D2E) porté par Sorbonne Université répond complètement à mes attentes. Même si j’avais une première expérience de l’entrepreneuriat au Canada, le système français est très différent de celui en vigueur outre-Atlantique. Le D2E m’a permis d’approfondir et de retravailler les bases, de me familiariser avec le cadre légal français, d’apprendre à monter un business plan, etc.

Le fait que Sorbonne Université soit un établissement reconnu internationalement est un avantage énorme. C'est une université historique qui possède un réseau et des ressources solides. Nous bénéficions d’un effet de levier certain grâce à ses partenaires internes et externes.

Vous avez été sélectionné pour intégrer le programme PEPITE Start-Up Ile-de-France. Quels avantages en tirez-vous ?

T. S. : Ce programme, auquel est associée PEPITE Sorbonne Université, nous a permis de rentrer à Station F et d’avoir accès à tout un écosystème d'entrepreneurs, d'investisseurs et de spécialistes de la création d’entreprise. Nous bénéficions également d’un accompagnement de six mois qui nous permet d’avancer sereinement.

Quelles sont vos perspectives pour 2022 ?

T. S. : Nous visons une ouverture de nos services à l’international : en Europe et au Canada, dans un premier temps, puis très vite, dans beaucoup d'autres pays. 

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou étudiante qui veut monter son entreprise ?

T. S. : Il faut travailler énormément : 6 jours sur 7, 12 heures par jour, pour que cela marche. En tant que jeune startuper, le seul avantage compétitif que nous avons, c'est la rapidité d'exécution. Si nous fournissons les mêmes heures de travail et allons au même rythme qu’une grosse entreprise, nous allons droit dans le mur. Il faut avoir la niaque ! C'est bien de vouloir changer le monde, mais c'est mieux d'y travailler.