Michael Lambert

Docteur et chercheur associé à l'OSCE

Le doctorat apporte des qualités au niveau de la méthodologie, il témoigne d’une forme de persévérance, il atteste d’une curiosité, il permet d’intégrer une communauté internationale.

Michael Lambert, docteur Sorbonne Université 2016 est venu à la rencontre des doctorantes et doctorants le 15 avril dernier lors d’une conférence carrières en ligne. Actuellement chercheur associé à l’OSCE, il nous a fait découvrir cette organisation et a donné des clés et de nombreux conseils pour construire une carrière dans les affaires internationales.

Relatant son parcours, Michael explique s’être lancé dans un double cursus : en histoire du renseignement avec le professeur Olivier Forcade à Sorbonne Université d’une part et en psychologie politique à l’Université de Paris d’autre part. Selon lui « Comprendre l’histoire, c’est comprendre les hommes. La psychologie permet de comprendre l’individu, l’histoire permet de comprendre le groupe et comment les deux interagissent. Mon idée était d’arriver à comprendre l’homme, et l’histoire de l’homme pour ensuite apporter une plus-value ». 

Après l’obtention de son diplôme de doctorat, Michael s’est posé la question de travailler sur des sujets internationaux. C’est ce que proposait lOrganisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), la plus grande organisation internationale en matière de sécurité, qui traite de thématiques allant de la supervision des élections, le terrorisme et le contrôle des armements aux droits de l’homme... Elle emploie près de 3500 personnes avec 57 états participants et un budget d’environ 138 000 000 €. 

Comment est-il parvenu à entrer dans cette organisation alors que la sélection est si compétitive ? Le maître mot est « back door ». C’est le Centre de documentation de l’OSCE - les archives en quelque sorte - qui lui a permis de mettre un pied dans l’organisation. Ce centre propose un programme de chercheur en résidence. Pour postuler, il suffit d’envoyer sa candidature par email. Dans son cas, Michael a eu un rendez-vous avec la cheffe du centre de documentation de Prague, qui a trouvé son sujet de thèse intéressant et lui a demandé de proposer un projet de recherche sur un thème d’intérêt pour l’OSCE. Il se souvient : « Mon projet consistait en une analyse comparative entre les archives de la CIA et les archives de l’OSCE. Je suis arrivé au bon moment, c’était le moment de la deuxième guerre dans le Haut-Karabakh ». Michael a intégré le centre de documentation en 2020. Pourtant, une fois en place, tout reste à faire… Le chercheur en résidence a 3 mois pour montrer ce qu’il sait faire, prouver ses capacités d’intégration et de prise en charge de projets. Il a la possibilité de faire une multitude de missions en parallèle du projet pour lequel il a été recruté. Selon Michael, « Il faut vraiment prendre cette expérience comme un moyen de vous faire connaître au sein de l’OSCE. Cela vous permet de faire des candidatures internes, d’être en contact avec des gens qui vous permettent de progresser au sein de l’organisation. ». 

Michael a su se faire une place et a continué au-delà des 3 mois de résidence. Actuellement, il est chercheur associé et travaille à Bichkek, au Kirghizistan dans un centre de l’OSCE qui a pour objectif de former toutes les élites de l’Asie Centrale et de Russie. Question salaire à l’OSCE, Michael reconnait que les grilles peuvent être très variées en fonction des types de contrats. La fourchette est large : de 1 500 à 15 000 euros par mois, dépendant des risques et des responsabilités. Un maître de conférences (lecturer) à Bichkek gagne environ 1700 euro par mois, comparativement au salaire moyen du pays qui est de 150 euros par mois, il permet de bien vivre. Son contrat court jusqu’en décembre. Michael admet que rares sont ceux qui restent plus d’une année dans ce pays. Par ailleurs, le nombre de mandats est limité au niveau de l’OSCE, et après une première expérience, beaucoup candidatent pour les Nations Unies ou vont vers les cabinets de conseils. Ils peuvent aussi postuler pour des postes à Greenpeace, dans les services de renseignement, la DGSE pour les français, au Quai d’Orsay…. C’est une expérience qui est valorisée mais cela dépend de ce que chacun et chacune a réalisé pendant son passage. En ce qui le concerne, Michael souhaite à l’issue de son contrat et dans le contexte actuel de la montée en puissance de la Chine trouver un emploi en relation avec la Chine similaire à ce que propose le “United States Bureau of European and Eurasian Affairs.

De toute cette expérience, Michael fait le constat qu’avoir un doctorat de la Sorbonne est valorisé et considéré à l’international comme impressionnant. Le titre de docteur est mis en avant en dehors de la France, à Prague comme ailleurs. Le doctorat apporte des qualités au niveau de la méthodologie, il témoigne d’une forme de persévérance, il atteste d’une curiosité, il permet d’intégrer une communauté internationale. 

Tout au long de son intervention, Michael a distillé de nombreux conseils aux doctorantes et doctorants. Il les a incités à s’intéresser au Business Foundation Certificat (BFC) délivré par l’INSEAD : « Si vous avez l’occasion de postuler pour le BFC, ce sera l’une des meilleures expériences et ce sera très utile pour votre carrière, notamment dans les institutions internationales. Vous allez découvrir des outils inhabituels dans les sciences humaines, par exemple la Blue Ocean strategy. Ces outils du management vous permettent de comprendre et d’aborder une question avec une approche originale. Si vous voulez offrir une analyse politique ou historique sur un pays, la méthodologie acquise va vous permettre d’avoir une approche quantitative, d’établir des graphiques pour faire de la data analysis, d’utiliser des programmes qui vous permettront d’avoir une matérialisation des données, de concevoir et de représenter les choses sous un angle autre que l’écriture. Par ailleurs, le BFC va vous offrir une approche plus internationale et un diplôme en anglais ce qui est un énorme avantage pour la suite de carrière ». Michael a invité les doctorantes et doctorants à utiliser également la Swot analysis, c’est-dire d’analyser les forces et faiblesses, les risques et les opportunités, notamment pour prendre des décisions. Et de donner un exemple, « pour rejoindre la diplomatie, je me suis rendu compte qu’une de mes faiblesses était les langues vivantes. A partir de là, je savais sur quel point accentuer mon cursus pour l’améliorer ». 

En tant que docteur, Michael admet que « notre avenir dépend du contexte international ». Il lui apparait évident que certaines qualifications ou connaissances vont être valorisées dans les années à venir, c’est la raison pour laquelle il a incité les doctorantes et doctorants à bien pratiquer leur anglais et à se mettre au chinois. « En terme d’opportunités pour votre carrière dans les domaines du renseignement et des relations internationales, vous serez confronté à la langue chinoise ». A bon entendeur.