Marie Lacroix

Marie Lacroix

Une neuroscientifique entrepreneure

Il faut faire ce que l’on aime et ce qui fait sens pour nous. Sans cela, il est difficile de tenir sur la durée

Docteure en neurosciences, Marie Lacroix a co-fondé Cog’X qui accompagne, à travers les sciences cognitives, les entreprises dans la transformation du travail.

Marie Lacroix

Pourquoi avoir choisi d’étudier les neurosciences ?

J’ai toujours été intéressée par la compréhension du fonctionnement du cerveau humain. C’est ce qui m’a amenée à intégrer une formation en biologie à l’Ecole Normale Supérieure puis le master neurosciences à Sorbonne Université (ex UPMC).  Après avoir fait un stage dans un laboratoire de neurophysiologie, j’ai poursuivi en thèse au sein de l’école doctorale Cerveau, Cognition, Comportement pour essayer de comprendre, grâce à l’enregistrement de l’activité des neurones, ce qui se passe le cerveau.

Pendant trois ans, j’ai travaillé sur le lien entre sommeil et mémoire. Ce travail de thèse m’a permis de développer un esprit critique, des capacités d’analyse et de synthèse. En participant au concours Ma thèse en 180 secondes, j’ai également appris à préparer mes interventions publiques pour mieux vulgariser la science en la rendant accessible sans pour autant perdre la rigueur qu’elle exige.

Comment êtes-vous passée de la recherche fondamentale à la création d’entreprise ?

Durant ma thèse, j’ai mûri ma réflexion sur mon projet professionnel et l’envie de créer ma propre société s’est confirmée. J’ai réalisé à quel point le travail de recherche comptait pour moi, mais aussi combien le monde académique était compétitif. Je n’étais pas prête à faire les sacrifices nécessaires pour devenir chercheure et j’avais besoin de voir les applications concrètes de mon travail.

En participant à des activités de médiation scientifique, notamment au Palais de la découverte ou lors de la fête de la science, j’ai pris beaucoup de plaisir à partager mes connaissances et constaté un réel engouement du public pour les neurosciences. J’ai alors rejoint la toute jeune association Cog’innov. J’ai participé à son développement en tant que responsable du pôle édition, avec mon associé Gaëtan de Lavilléon, doctorant dans le même laboratoire que moi. Cette association avait pour objectifs de diffuser les sciences cognitives auprès du grand public et de trouver des champs d’application pertinents pour les entreprises.

J’ai travaillé sur un projet concernant l’impact des nouvelles technologies dans la régulation de la charge cognitive* au travail. J’ai vu qu’il y avait une véritable demande de la part des entreprises, très intéressées par l’approche cognitive qui apporte un nouveau regard sur la transformation digitale du travail.

C’est ainsi que nous avons eu l’idée, avec Gaëtan et d’autres membres de l’association, de monter l’entreprise Cog’X dont je suis co-fondatrice.

Quelles sont les missions de votre entreprise ?

Cog’X est construite autour de trois objectifs : le conseil, la formation et l’expérimentation.

A partir des connaissances actuelles en sciences cognitives, nous accompagnons les entreprises dans leurs questionnements sur les méthodes et outils de travail en leur proposant des formations adaptées à leurs besoins.

Après une première sensibilisation sur le fonctionnement du cerveau, nous invitons les salariés à réfléchir à leurs habitudes de travail et à identifier ce qu’ils pourraient changer afin d’améliorer leur bien-être cognitif. Cela peut passer par des choses très simples, comme par exemple, s’autoriser à fermer la porte du bureau ou s’isoler quelques heures par jour pour mieux se concentrer, s’octroyer des plages horaires sans téléphone ni mails, etc.

Tout en alertant sur les dangers de certaines pratiques, nous ne disons pas ce qui est bon ou non de faire car chaque personne a des besoins particuliers, mais nous incitons les gens à agir sur leur environnement professionnel pour trouver leur équilibre cognitif propre. 

Une fois qu’ils ont identifié des pistes d’actions, les salariés les expérimentent et nous en évaluons les effets, de façon qualitative et quantitative, sur leur bien-être et leur efficacité.  Cette dernière phase met à profit les compétences de recherche et la rigueur scientifique acquises en thèse. 

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui veut monter son entreprise ?

Mon premier conseil serait d’abord de bien s’entourer. Il est illusoire de croire que l’on peut réussir seul. Il faut choisir des gens motivés avec qui on s’entend bien et qui aient des compétences et des visions différentes et complémentaires tout en ayant un intérêt commun pour le projet.

Ensuite, il faut faire ce que l’on aime et ce qui fait sens pour nous. Sans cela, il est difficile de tenir sur la durée. 


*le coût de traitement pour notre cerveau à réaliser une tâche donnée dans un environnement donné.