Aniss Acherar

Aniss Acherar

Doctorant en 3e année au SCAI, lauréat du concours I-PhD 2022

Notre objectif est de développer un système semi-automatisé qui va aider les biologistes à alléger leurs tâches diagnostics notamment en microscopie.

Doctorant à l’école doctorale Santé publique (ED 393), se partageant entre l’Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique (IPLESP) et le Laboratoire d’informatique médicale et d’ingénierie des connaissances en e-Santé (LIMICS), Aniss Acherar a tenté et réussi le concours I-PhD. Il revient sur son projet doctoral et son ambition de le pousser vers la start’up. 

Parlez-nous de votre projet doctoral.
Aniss Acherar :
Mon projet consiste à développer un système d’aide au diagnostic du paludisme avec la détection et l’identification de parasites appelés Plasmodiums sur des images microscopiques. Je combine imagerie et intelligence artificielle. L'ambition de mon projet est de réaliser une application pour la détection de multiples pathologies dans le sang en utilisant la microscopie.

Le paludisme qui reste un problème de santé publique mondial est la parfaite preuve de concept de ce que l’on souhaite mettre en place. Cette pathologie nous offre la possibilité d’avoir une vision de la complexité biologique mais aussi informatique et technique. Notre objectif est de développer un système semi-automatisé qui va aider les biologistes à alléger leurs tâches diagnostics notamment en microscopie. Mon directeur de thèse est le chef de service de parasitologie-mycologie de la Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux, et mon coencadrant pour la partie informatique est Xavier Tannier du LIMICS. Je suis au début de la 3ème année de thèse qui s’annonce chargée et stimulante scientifiquement.

Vous avez un bagage scientifique en informatique. Pourquoi vous intéressez-vous à ce sujet ? 
A.A. :
Je souhaite apporter une brique à la construction d'outils informatiques pour la médecine. Ma mission est de développer un système unique qui puisse proposer un premier résultat, quel que soit le besoin biologique, accessible à distance. Je travaille directement avec les experts médicaux, je développe des outils en fonction de leurs questions et besoins biologiques. Pour le paludisme, nous avons mis en place un premier prototype nommé MALARIS, qui nous rend un premier résultat, il n’y a plus qu’à le confirmer et le valider. À l’avenir, il n’y aura plus besoin de mobiliser des ressources expertes 24/7 avec les problèmes de délais possibles en transportant les échantillons, etc...

Actuellement, l’interprétation de certains échantillons dépend de l’expertise humaine qui peut rendre des résultats erronés  (exemple : dans le comptage de globules rouges infectés chez un patient). C’est principalement l’étude que nous menons en ce moment afin d’évaluer la fiabilité de notre système, en comparaison avec les techniques de référence habituelles appliquées en laboratoire. Avec de tels systèmes, une médecine numérique à coûts limités est possible. L'hôpital dispose de masses de données immenses qui pourraient être analysées et amélioreraient les apprentissages machines à l'aide d'algorithmes d'intelligence artificielle (IA), ce qui correspond au souhait de Renaud Piarroux  de développer l’IA au sein de l’AP-HP. 

Quelles sont vos priorités actuellement ? 
A.A. :
Ma première priorité est de soutenir ma thèse et d’avoir deux publications visibles dans des journaux référencés. Je suis en train de relire ma première publication qui devrait être finalisée pour paraître en fin d’année et je rédige la deuxième concernant l’évaluation de la fiabilité de notre système. La suite pour moi consiste à développer un premier prototype de l’application, avoir un premier produit d’ici la fin de ma thèse ou peu après. J’ai été en avance concernant ma participation au concours I-PhD en deuxième année.  Mon ambition est également de fédérer d’autres laboratoires et hôpitaux autour de ce projet tout en construisant une preuve de concept en adéquation avec les besoins des utilisateurs. Ma thèse sert de socle me permettant d’évaluer les différents systèmes développés et leur capacité à être opérationnels en conditions réelles. J'avance sur tous les fronts.

Pourquoi avez-vous postulé à I-PhD ?
A.A. : J’ai suivi un webinaire à propos de ce concours puis j’ai proposé directement ma candidature. J’étais à la moitié de ma 2ème année de thèse avec des résultats de recherche à valoriser et j’avais l’ambition de pousser vers la création de start’up. J’ai constitué mon dossier soutenu par la SATT Lutech. Ce qui me motive dans cette démarche est d’avoir de la visibilité, du coaching, de réadapter le business plan, d’avoir de nouvelles idées et des regards externes au projet. La SATT a été mon premier contact suivi d’un entretien avec mes futurs mentors de Deeptech Founders qui vont m'accompagner dans cette aventure stimulante. Ces derniers m’ont déjà permis de me projeter sur des questions auxquelles je n’avais pas de réponse.

Pourquoi créer une start’up ?
A.A. :
Pour moi, c’est un moyen et une source de motivation pour mon projet de thèse, passer de l'invention à l'innovation sans jamais abandonner ma casquette de chercheur et les fruits de ma recherche. Pour des innovations en santé dites MedTech, des moyens conséquents doivent être mobilisés. Pendant une thèse, nous trouvons les limites de ce que nous produisons, nous nous projetons sur les différentes solutions possibles mais 3 ans ne permettent pas de les développer jusqu'au bout. Quand je me suis engagé en thèse, je me suis dit que l’hôpital, la santé et les techniques étaient en train de changer et que scientifiquement ce serait porteur. L’intelligence artificielle en santé est également est une des priorités du gouvernement dans le plan France 2030 et je souhaite en faire partie. C’est le moment de le faire et c’est ce qui me motive. Toutes les cartes sont entre nos mains, je me donne tous les moyens pour y arriver. 

Quels conseils donneriez-vous aux doctorantes et doctorants ? 
A.A. :
Valorisez toujours votre travail et votre savoir-faire. Trouvez ce qui vous distingue des autres. Regardez le programme I-PhD et demandez-vous si vous détenez quelque chose qui mérite d’être valorisé. Il y a toujours une part d’innovation quel que soit le projet de thèse. Cela dépend des expériences menées. Servez-vous de votre projet de thèse pour le pousser un peu plus loin vers d’autres domaines, d’autres disciplines. Partez de votre travail et exportez-le dans d’autres applications, d’autres problématiques. Cela amène à des collaborations et suscite de l’intérêt. En ce qui concerne l’entreprenariat, en tant que doctorant ou doctorante, nous avons cette capacité à toujours apprendre. Je ne suis qu’au tout début de mon aventure entrepreneuriale et celle-ci est déjà riche en apprentissage et retours d’expériences. J’ai récemment, assisté à un workshop organisé par un expert en entreprenariat qui a évoqué quelque chose de très intéressant et qui m’a marqué, je cite : « I strongly believe that entrepreneurship can be learned ». En bref, l’entreprenariat peut s’apprendre et je suis parfaitement d’accord avec lui. Tout s’apprend. 


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