Humanature : Comprendre les relations humain-nature à l’ère du numérique

Mélusine Martin, doctorante au sein de l’équipe Histoire et dynamique des espaces anglophones à Sorbonne Université et à James Cook University.

Découvrir le travail de recherche de Mélusine Martin.

Une relation holistique avec la nature inclut à la fois le potentiel de la nature à nous nourrir, et notre capacité à retourner cette connexion en préservant l’environnement. Cependant, le concept occidental d’un dualisme humain/nature, qui définit les êtres humains et la nature comme séparés, reste enraciné dans le discours écologiste contemporain. Mon étude pour des recherches de doctorat, fondée sur des méthodes mixtes transculturelles (Etats-Unis et Australie), a pour but de comprendre comment l’individu définit son identité en fonction de l’environnement naturel et en quoi la technologie numérique altère cette relation. En plus d’exprimer ces concepts avec des mots, je souhaitais les évoquer par une série d’oeuvres abstraites, une exposition d’art intitulée Humanature.

Wilderness

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
Les relations que l’être humain occidental entretient avec la nature au XXIe siècle révèlent un ensemble de croyances inhérentes à la culture occidentale. On apprend à séparer la ville de la nature, l’être humain de l’animal, à voir la civilisation en opposition au sauvage, la technologie numérique comme une création artificielle en opposition à naturelle, et l’environnement comme ce décor sur lequel se joue les drames humains plutôt que comme notre maison.

Save the planet, kill yourself

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
Axée sur une vision anthropocentrique de la nature, la pensée écologiste contemporaine est fondée sur un dualisme humain/nature et sur les dichotomies inhérentes à la culture occidentale. Ces dichotomies  (e.g., nature/culture, masculin/féminin, intellect/émotion, individuel/universel...) ont été remises en question par la recherche et le mouvement militant écologiste et dénoncés comme autant de limitations dans l’engagement pour la protection de la biodiversité.

Pure

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
Que pensez-vous de cette citation du chercheur américain William Cronon, auteur de The trouble with wilderness : « Si nous nous autorisons à croire que la nature, afin d’être vraie, doit être sauvage, alors notre présence en son sein représente sa chute. L’endroit où nous sommes est l’endroit où la nature n’est pas » ?

We are nature

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
La connexion à la nature (nature connectedness) est décrite comme la mesure dans laquelle un individu inclut la nature dans sa propre identité. Cela a trois dimensions : la dimension cognitive qui renvoie à notre degré d’intégration à la nature, la dimension affective qui évoque la compassion ressentie envers l’environnement, et la dimension comportementale, qui inclut les actions entreprises pour protéger l’environnement.

Education environnementale

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
L’éducation ne se fait pas que dans les livres mais est surtout transmise par la famille qui dès l’enfance sensibilise au lien à l’environnement, et cela même en ville (potager sur balcon, observation des oiseaux en parcs urbains, aide au recyclage, etc.).

Eco-anxiété

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
La crise écologique est décrite comme la faute, donc la responsabilité, de l’être humain et ce schéma de pensée culpabilisant est intégré même par les personnes qui oeuvrent à un mode de vie respectueux de la planète. La relation humain-nature fait naitre des émotions telles que eco-guilt, eco-grief (éco-anxiété), ou solastalgie.

Minimalisme numérique

Technique mixte sur papier recyclé, 30 x 20 cm, 2021.
Légende : Le minimalisme numérique, expression inventée par le chercheur américain Cal Newport, décrit un emploi intentionnel, équilibré et modéré du numérique, et est également une des particularités communes aux participants de mon étude.