L'IA au service de la recherche et de la formation
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L’intelligence artificielle au service de la recherche et de la formation

Dans une société où l'intelligence artificielle (IA) s'impose chaque jour un peu plus, comprendre ses enjeux et maîtriser ses applications devient essentiel.

Baptiste Gregorutti

Alumnus de Sorbonne Université et ingénieur de recherche à SCAI (Sorbonne Center of Artificial Intelligence), Baptiste Gregorutti est expert en sciences des données. Entre formation, projets de recherche et sensibilisation à l'IA, il nous livre son éclairage sur l'importance de former la communauté universitaire à ces questions.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Baptiste Gregorutti : J'ai obtenu un master de mathématiques à la faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université, puis réalisé une thèse Cifre1  au laboratoire de probabilités, statistique et modélisation, sous la direction de Gérard Biau, aujourd’hui directeur de SCAI, de Philippe Saint Pierre et de Bertrand Michel. Ma thèse, soutenue en 2015, portait sur l'analyse des boîtes noires pour la sécurité aérienne chez Safety Line. J'ai continué à travailler chez eux jusqu'en 2020, en m'intéressant notamment à l'économie de la consommation de carburant dans l'aéronautique. J'ai évolué avec l'entreprise, passant d'une petite start-up de 2 personnes à une équipe de 30 collaborateurs. Durant cette période, j'ai développé des compétences en management de projet technique et d'équipe.

J’ai ensuite rejoint une société de conseil fondée par un chercheur en sciences des données en tant que leader technique puis directeur scientifique. Cela m’a amené à travailler sur des sujets liés à la cybersécurité. Après une courte pause professionnelle, j’ai monté mon autoentreprise et repris contact avec mon ancien directeur de thèse, Gérard Biau.

Quelle est votre mission actuelle au sein de SCAI ?

B. G. : En tant qu’ingénieur de recherche chez SCAI, je suis responsable de plusieurs missions. Une partie de mon travail concerne la formation, où j'organise des ateliers auprès de différents publics : médecins, étudiantes et étudiants, élèves du secondaire. Je les familiarise avec l'intelligence artificielle et l'informatique en leur proposant des ateliers pratiques pour les mettre dans la peau d'un data scientist.

Par ailleurs, je travaille sur des projets de recherche en collaboration avec des scientifiques de l'université qui ont des données, mais ne savent pas comment les exploiter. Par exemple, je supervise actuellement un stagiaire en biologie qui cherche à créer un modèle d'apprentissage automatique pour identifier des espèces de bourdons à partir de la forme des ailes détectée sur des photos. Je suis également impliqué dans un projet à l'hôpital Saint-Antoine pour comprendre pourquoi certaines femmes font des fausses couches à répétition. Nous avons aussi un projet en préparation avec des musicologues.
 Mon rôle est de guider ces projets techniques et d'aider à construire des outils efficaces.

À qui s'adressent les cours en IA et sciences des données que vous mettez en place ?

B. G. : Les cours que je donne en IA et sciences des données sont ouverts à un large public. Je travaille avec des biologistes, des chimistes, des littéraires, des médecins, de manière transversale aux trois facultés de Sorbonne Université.
En plus de la formation continue, j'interviens dans l'enseignement initial en donnant des cours à l'Institut de statistique de Sorbonne Université et au centre de formation d’apprentis des Sciences de Sorbonne Université. J'accompagne aussi les étudiantes et étudiants en licence de maths sur des sujets de sciences et de données.

Selon vous, pourquoi est-il essentiel aujourd'hui d'avoir des notions en IA et sciences des données même lorsque l'on ne travaille pas directement dans ce domaine ?

B. G. : L'IA est omniprésente dans notre société. Elle va bien au-delà des assistants conversationnels comme Siri qui sont souvent la représentation que nous avons de l’IA dans l’imaginaire collectif. Par exemple, elle est utilisée dans le traitement d'images ou l'amélioration des photos directement dans les smartphones. Elle joue aussi un rôle dans l'analyse de textes en littérature et la structuration des informations.

Certaines personnes pensent que l'IA est « magique », mais en réalité, c'est une technologie complexe qui a ses limites et fait des erreurs. Il est aussi important de prendre en compte son impact environnemental car certaines applications, comme ChatGPT, sont très énergivores. Il est donc essentiel de démystifier l'IA et de comprendre ses enjeux pour mieux appréhender ces technologies dans notre quotidien et être plus critiques vis-à-vis de leur utilisation.

Quels sont les prochains chantiers que vous prévoyez de mener au sein de Sorbonne Université ?

B. G. : Nous avons plusieurs projets en vue. Dans le domaine des sciences humaines et sociales, l'un des projets en cours concerne le développement d'un outil d'IA générative visant à interagir avec l'ensemble des publications des chercheuses et chercheurs de Sorbonne Université. L'objectif est d'améliorer la gestion et l'exploitation des vastes quantités de données disponibles, tout en mettant à la disposition de la communauté francophone et internationale une nouvelle base de connaissances, et en valorisant nos avancées scientifiques.

Parallèlement, en fonction des demandes et des ressources disponibles, nous continuerons d'accompagner l’ensemble des membres de la communauté de Sorbonne Université dans leurs projets nécessitant de l’IA et de la science des données.
Nous travaillons également sur l'amélioration de la plateforme de cours en ligne SCAI Education permettant de comprendre l'intelligence artificielle, et d'apprendre ses différents usages et outils.


1 Conventions industrielles de formation par la recherche