Les océans se mélangent beaucoup moins que prévu sous l’effet du changement climatique
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Les océans se mélangent beaucoup moins que prévu sous l’effet du changement climatique

Une équipe de recherche internationale réunissant des chercheurs du CNRS, de Sorbonne Université et de l’Ifremer a démontré que l’océan s'oriente de plus en plus vers une stabilisation. Ces travaux ont été publiés le 24 mars 2021 dans la revue Nature.

L’océan est de nature dynamique, ce qui lui confère un rôle fondamental de thermostat planétaire atténuant le réchauffement climatique. Toutefois, en réponse au changement climatique, l’océan tend à se stabiliser de plus en plus depuis 50 ans, à un rythme six fois supérieur aux estimations passées. C’est ce que démontre une étude menée par des chercheurs du CNRS, de Sorbonne Université, et de l’Ifremer dans le cadre d’une collaboration internationale1.

Le réchauffement des eaux, la fonte des glaciers et le dérèglement des précipitations forment une couche à la surface de l’océan qui se découple des profondeurs : comme de l’eau sur de l’huile, cette séparation limite le mélange océanique et rend l’atténuation du changement climatique par l’océan plus difficile.

Par ailleurs, le changement du climat entraîne une intensification des vents qui a épaissi la couche de surface de l’océan de 5 à 10 mètres par décennie depuis 50 ans, rendant plus ardu l’accès vital à la lumière pour la majorité de la biodiversité marine vivant dans cette couche.

Publiés le 24 mars 2021 dans la revue Nature, ces travaux mettent en évidence les conséquences du changement climatique et des activités anthropiques sur l’océan et la vie marine, ainsi que la capacité future de l’océan à jouer son rôle de thermostat global.

 

Stabilité des océans

Schéma idéalisé de la structure verticale de l'océan mondial : la couche de surface est mélangée par les vents, et absorbe de la chaleur atmosphérique qui augmente en réponse au changement climatique. Pour que l’océan joue un rôle d’atténuation du changement climatique, il faut que cette chaleur soit transmise dans l’océan profond, loin de l’atmosphère. Mais l’océan se stabilise depuis 50 ans, avec une barrière entre océan de surface et océan profond de plus en plus difficile à franchir. En parallèle, l’intensification des vents approfondie la couche de surface.
© Jean-Baptiste Sallée, Locean (CNRS/MNHN/IRD/Sorbonne Université)

 


1 Les laboratoires français impliqués sont le Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (CNRS/IRD/MNHN/Sorbonne Université) et le Laboratoire d'océanographie physique et spatiale (CNRS/Ifremer/IRD/Université de Bretagne occidental). Ce projet a été financé par le programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne (projet SO-CHIC, N°821001).

Référence

Summertime increases in upper ocean stratification and mixed layer depth. Sallée J.B., Pellichero V., Akhoudas C., Pauthenet E., Vignes L., Schmidtko S., Naveira Garabato A., Sutherland P. et Kuusela M. Nature, le 24 mars 2021

DOI : https://dx.doi.org/10.1038/s41586-021-03303-x

Contacts

Jean-Baptiste Sallée

Chercheur du CNRS

Alexiane Agullo

Service presse du CNRS