La révolution cardiométabolique
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La révolution cardiométabolique

En raison de notre mode de vie (sédentarité, mauvaise alimentation, tabagisme, stress...), les maladies cardiovasculaires et les troubles du métabolisme restent un problème majeur de santé publique.

Crée en 2012, l’institut de cardiométabolisme et nutrition (ICAN) est l’un des 6 instituts hospitalo-universitaires (IHU) en France. Bâti sur quatre piliers (la recherche, les soins, la formation et la valorisation industrielle), chaque IHU regroupe des équipes de recherche académiques, des personnels soignants et des entreprises.

Physiologiste à l’institut de cardiologie de la Pitié Salpêtrière et directeur général de l’IHU-ICAN, le Professeur Stéphane Hatem nous explique comment, en traduisant les découvertes de recherche en innovations thérapeutiques et diagnostiques, cet IHU développe la médecine du futur dans le domaine des maladies cardiométaboliques et de la nutrition.

ICAN, un institut spécialisé dans le cardiométabolisme

L’extraordinaire augmentation mondiale de l'obésité, du diabète et des maladies du foie dans les pays développés, associée à des taux déjà élevés de maladies cardiovasculaires, atteint des proportions encore jamais observées. Ces maladies sont regroupées sous le concept relativement nouveau de troubles cardiométaboliques.

Peu connu du grand public, le domaine du cardiométabolisme est en plein essor.

« En s’intéressant à l’interface entre les troubles du métabolisme et le système cardio-circulatoire, le cardiométabolisme permet de mieux comprendre et prendre en charge des maladies telles que le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, la NASH [1] ou les dyslipidémies [2] », déclare le directeur général de l’IHU-ICAN.

Entièrement dédié à l'étude et à la compréhension de ces troubles, l’IHU-ICAN a été l’un des précurseurs de cette révolution cardiométabolique. En regroupant des équipes spécialisées sur le cœur, les vaisseaux, le métabolisme, la nutrition, le foie et l’imagerie au sein d’une même structure, il permet de rapprocher des spécialistes complémentaires pour prendre en charge de façon globale et pluridisciplinaire le patient dans le cadre d’une médecine personnalisée.

Afin d’identifier en amont les risques chez un individu et d’adapter au mieux sa prise en charge, l’IHU-ICAN développe de nouveaux moyens d’investigation et de diagnostic au service de cette médecine sur mesure.

Véritable catalyseur entre recherche fondamentale et recherche clinique, cet institut contribue également au transfert des connaissances directement dans les soins aux patients. Guichet unique pour les acteurs industriels, il permet, à travers des collaborations industrielles, de valoriser ses multiples avancées.

« Nous sommes une porte d’entrée pour le monde industriel dans la recherche académique et clinique. En nous appuyant sur des structures déjà en place dans nos tutelles, nous leur permettons d’accéder à des bio-ressources humaines, à des plateformes d’analyse de données complexes, à la gestion des questions réglementaires, etc. », précise Stéphane Hatem.

Un axe stratégique : la recherche translationnelle

« L’essence même de l’IHU-ICAN est d’être un accélérateur de la recherche translationnelle qui va de la recherche à la diffusion des innovations », affirme Stéphane Hatem.

A partir d’une découverte originale issue de la recherche clinique ou fondamentale, la recherche translationnelle vise à développer une application pratique, comme une innovation thérapeutique ou un nouveau moyen d’investigation.

« Nous avons, par exemple, identifié de nouveaux biomarqueurs, comme l’utilisation du score calcique [3] pour les risques de maladies cardiovasculaires, et mis en place de nouvelles techniques d’imagerie telles que l’imagerie tissulaire par résonnance magnétique », précise Stéphane Hatem.

Le défi de l'IHU-ICAN est d'entrer dans l'ère de la médecine prédictive, qui consiste à identifier et prendre en charge très en amont les facteurs de risque de chacun vis-à-vis de ces maladies cardiométaboliques.

« L’objectif clinique est de mettre en place des traitements et des mesures d’hygiène de vie personnalisés et adaptés aux caractéristiques des individus », précise Stéphane Hatem.

Dans cette perspective, l’IHU-ICAN a développé des outils de recherche translationnelle uniques comme la création d’une plateforme permettant de traiter et d’analyser une masse critique de données cliniques complexes.

Il a également permis l’émergence de projets de recherche interdisciplinaires impliquant cliniciens et chercheurs et contribué à l’ouverture de nouveaux hôpitaux de jour et de nouveaux parcours de soin.

A côté de cette médecine personnalisée, l’enjeu de l’IHU-ICAN est aussi de promouvoir une meilleure prise en charge des pathologies cardiaques graves.

« Grâce à des techniques innovantes, nous sommes à la pointe dans le traitement des épisodes aigus de maladies comme l’insuffisance cardiaque, les greffes cardiaques ou le trouble du rythme cardiaque », souligne Stéphane Hatem.

A travers le développement d’approches en télémédecine, l’institut a pour ambition de mieux appréhender l’alternance des périodes hôpital-domicile en aidant les patients hospitalisés à se réadapter à leur vie quotidienne.

« Le projet Calypso, auquel nous participons, est un exemple de technologie de rupture au service des patients insuffisants cardiaques sévères qui permettra une meilleure prise en charge de leur maladie », ajoute Stéphane Hatem.

Enfin, l’IHU-ICAN a participé à la large diffusion des connaissances et à la formation, à travers, notamment, un cours en ligne ouvert à tous dédié à l’obésité qui a réuni plus de 1800 inscrits.

Un institut au cœur de l’écosystème de Sorbonne Université

De la recherche au développement de nouvelles applications, l’IHU-ICAN s’appuie sur la force et l’expertise des unités de recherche et des équipes médicales de Sorbonne Université et de l'hôpital Pitié Salpêtrière.

« Nous bénéficions de l’environnement d’un centre hospitalier de référence où l'activité clinique en cardiométabolisme est considérable », affirme Stéphane Hatem.

Au-delà de cette présence au sein de la faculté de Médecine, l’IHU-ICAN a tissé de nombreux liens avec différentes structures de Sorbonne Université. « Nous avons, par exemple, développé des interfaces avec la faculté des Sciences et Ingénierie autour du traitement des données complexes et de l’intelligence artificielle », précise Stéphane Hatem. L’objectif est non seulement d’analyser ces données, mais aussi de développer de nouveaux algorithmes, notamment en imagerie, pour l’aide au diagnostic.

Très impliqués dans les masters de la faculté des Sciences et Ingénierie, plusieurs membres de l’IHU-ICAN interviennent dans ces formations. Par ailleurs, des stages à destination des étudiants de Polytech Sorbonne ont été mis en place pour permettre à ces futurs ingénieurs de rencontrer des cliniciens et développer, avec eux, des technologies au service de la médecine personnalisée. 


[1] La NASH (stéatose hépatique non alcoolique) est l’inflammation du foie liée à une surcharge de graisse de cet organe due à une mauvaise alimentation et une consommation excessive de sucres.

[2] Une dyslipidémie est une concentration anormale de lipides (cholestérol, triglycérides, phospholipides ou acides gras libres) dans le sang.

[3] Score qui mesure la calcification des artères.