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JO 2024 : à quoi sert la préparation mentale chez les sportives et sportifs de haut niveau ?

Pour lutter contre le stress et l’anxiété, la préparation mentale s’est imposée chez la plupart des sportives et sportifs de haut niveau, qu’il s’agisse du rugby ou d’escrime. Si elle permet d’améliorer les performances, elle demeure encore une pratique peu encadrée, ouverte à des dérives à l’approche des JO 2024.  

Un atout au service de la performance ? Depuis plusieurs années, la préparation mentale est devenue un enjeu majeur chez les sportives et sportifs de haut niveau. En témoigne l’équipe de France de rugby qui, malgré son échec à se qualifier pour les demi-finales de la Coupe du monde, a mis en place depuis 2019 un accompagnement scientifique de ses joueurs où la dimension mentale occupe une place centrale.

« Être bien dans sa tête, c’est être bien dans son corps »

Un modèle qui a inspiré de nombreux athlètes à travers des disciplines variées, alors que les Jeux olympiques se tiendront l’année prochaine à Paris, pour apprendre à gérer leurs émotions et améliorer leur performance. « La préparation mentale est essentielle pour un sportif. Être bien dans sa tête, c’est être bien dans son corps », assure Zohra Kehli, escrimeuse de haut niveau et étudiante en master de Langues, littérature et civilisation étrangère (LLCER) à Sorbonne Université. 

À 22 ans, cette étudiante franco-algérienne cumule en plus de ses études universitaires la préparation pour les JO 2024 ainsi qu’un mandat de conseillère municipale à la mairie de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). En 2022, elle a remporté la médaille d’or en individuel aux Championnats d’Afrique de sabre dame à Casablanca. Une première pour l’Algérie. « Il y a des moments où c’est dur. Il y a la fatigue physique et mentale. Il y a aussi la gestion du temps et du stress », confie la jeune femme. 

Pour cette dernière, la préparation mentale permet d’apprendre à contrôler son stress et de contourner certains blocages qui peuvent impacter les performances physiques et l’empêcher de progresser. Cette pratique se conjugue avec ses entraînements physiques, qui absorbent la majeure partie de son temps. « Je travaille la préparation mentale inconsciemment en même temps que les efforts physiques. C’est un travail qui se fait naturellement, une routine », raconte l’étudiante.

Si elle a été suivie plusieurs années par un coach mental, Zohra Kehli travaille aujourd’hui sa préparation mentale de son côté, préférant le soutien de sa famille sur qui elle peut compter. « J’essaie d’être toujours de bonne humeur et de donner le maximum le matin, d’avoir toujours des idées positives, même si ce n’est pas facile, et de trouver au moins trois choses positives faites dans la journée. Ça me permet de ne pas me blâmer », poursuit-elle. 

Une pratique peu encadrée

« La préparation mentale mobilise les mêmes connaissances issues des thérapies cognitives et comportementales qui sont utilisées en psychologie clinique classique », explique Alexis Ruffault. Ce psychologue du sport et de la santé à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) mène de front des recherches autour de la santé mentale et des comportements préventifs de la blessure. Il suit aussi des sportives et sportifs en séances de préparation mentale individuelles ou collectives.

Alexis Ruffault s’intéresse notamment aux effets de la préparation mentale sur la performance et tente de développer des nouveaux outils. « On utilise beaucoup de méthodes basées sur la respiration pour se relaxer ou s’activer. On travaille sur les routines, tout ce qui se passe avant de faire un geste, entre le moment où les sportifs sortent du vestiaire et arrivent sur le tapis. On peut aussi travailler sur la communication, sur le leadership, l’identité collective et les valeurs du groupe pour favoriser la cohésion », ajoute le chercheur. 

Depuis plusieurs années, ce dernier constate une démocratisation de la préparation mentale chez les athlètes. En cherchant sur Internet, il est en effet possible de trouver en quelques clics un préparateur mental à côté de chez soi. Sans toutefois savoir ce à quoi ils préparent. Ce n’est pas un métier qui est encadré et protégé. En tout cas pas encore », reconnait Alexis Ruffault. Dans son rapport de l’année 2021, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a constaté une explosion des saisines en lien avec les médecines douces et le coaching mental. 

« Je pense qu’il y a des charlatans, même si je n’ai pas eu affaire à ces personnes-là », estime Zohra Kehli. « Le problème, c’est qu’il y a des dérives avec des pratiques pseudo-scientifiques », ajoute Alexis Ruffault. Au sein de la Société française de psychologie dont il fait partie du comité directeur, il milite pour la promotion de la pratique basée sur l’épreuve scientifique, comme en médecine, via une accréditation délivrée à des professionnels. « Ça fait une trentaine d’années qu’on essaie de tendre vers ça », raconte Alexis Ruffault. Et d’ajouter : « Mais c’est un gros chantier. »