École d'été en intelligence artificielle
  • Interview

École d'été féminine en intelligence artificielle

Du 3 au 7 juillet 2023, SCAI organise, avec la cité scolaire Paul Valéry, la première école d’été féminine d’intelligence artificielle à destination des lycéennes d’Île-de-France dans le cadre de la création du Campus des métiers et des qualifications de l’intelligence artificielle.

Julien Roudil, directeur opérationnel de ce campus, nous explique pourquoi il est essentiel de ne pas laisser de côté 50% de nos talents dans ce domaine.

Où en est-on de la place des femmes dans les métiers du numérique en France ?

Julien Roudil : Alors que le monde du numérique recrute massivement et que l’intelligence artificielle (IA) va transformer tous les métiers de demain, les femmes restent sous-représentées dans ce domaine. Elles ne représentent que 27% des salariés dans le secteur du numérique et moins de 16% dès que l’on regarde les fonctions techniques. Par ailleurs, seuls 3% des filles choisissent la spécialité « numérique et sciences de l'informatique » en première, et seulement 1% la conserve en terminale.

Pourquoi une école d’été spéciale Femmes et IA à SCAI ?

J. R. : Il est probable que la représentation « geek » que peut avoir l'informatique dans les écoles d'ingénieurs peut influencer le choix des jeunes femmes. De plus, si la majorité des développeurs de solutions numériques sont des hommes, des biais de genre risquent de s'introduire et d’entretenir ces stéréotypes. C’est pourquoi il est important de casser, dès le collège, ces représentations genrées et de sensibiliser les filles à ces métiers et ces disciplines afin qu’elles s'orientent plus naturellement dans l’IA.

Avec cette école d’été réservée aux lycéennes, SCAI espère attirer plus de jeunes femmes dans ce domaine et rompre avec des idées préconçues qui tendent à associer l'informatique et le numérique aux seules activités de programmation et à l’image du « geek ».

Quel sera le programme de cette école d’été et ses objectifs pédagogiques ?

J. R. : Sur la quinzaine d’intervenants, nous avons choisi de faire intervenir une douzaine de femmes en laissant une place importante à la question des carrières et du rôle modèle. La majorité d’entre elles sont doctorantes pour faciliter le processus d’identification avec les lycéennes.

Par ailleurs, nous aborderons l’IA, non pas comme une discipline stricte qui ne serait alimentée que par des questions statistiques, mathématiques ou informatiques, mais comme une discipline au service des autres et des enjeux sociétaux tels que le climat, la santé, l'art, les sciences, l'entrepreneuriat, etc. Nos intervenantes et intervenants traiteront de sujets très différents : l’éthique et l'intelligence artificielle, les biais de genre et de la discrimination, le droit numérique, etc.

Un hackathon animé par un chercheur de SCAI et un enseignant de la spécialité « numérique et sciences de l’informatique » de la cité scolaire Paul Valery est également prévu pour fédérer la promotion sur deux demi-journées.

Quel parcours faut-il suivre pour travailler dans l’IA ?

J. R. : Il n’y a pas un parcours unique. On peut être biologistes, spécialistes du climat, médecins, entrepreneurs, consultants, physiciens, littéraires, etc., et faire de la programmation entraîner des algorithmes ou créer des modèles.

C’est pourquoi Sorbonne Université a choisi d’injecter de la science de la donnée dès la première année de licence sous la forme de mineures transversales dans les cursus de médecine, de lettres et humanité ou les parcours scientifiques.

Avec le campus des métiers et des qualifications d’excellence de l’intelligence artificielle qui regroupe, sous l’impulsion de la région et du rectorat, des établissements d'enseignement secondaire et du supérieur, SCAI a pour objectif de massifier la formation IA et en sciences des données, notamment en élargissant les publics et en sensibilisant les jeunes, dès le secondaire.