Bertrand Guillonneau

Bertrand Guillonneau

Chirurgien urologue à l’hôpital de La Charité de Berlin et skipper

Je dois ma réussite professionnelle à Sorbonne Université

Chirurgien et navigateur. Voilà qui n’est pas banal ! Et c'est pourtant ce qui qualifie Bertrand Guillonneau, alumnus de Sorbonne Université, chirurgien urologue à l’hôpital de la Charité à Berlin et skipper inscrit à la prochaine Transat Jacques Vabre, sous la bannière de Movember1… et de Sorbonne Université.

Adolescent, Bertrand Guillonneau ne s’imaginait pas devenir médecin… « Après avoir obtenu mon bac, je n’avais pas d’idées précises sur ce que je voulais faire. J’ai fait médecine un peu par hasard. Je me suis dit que ça me laisserait du temps pour réfléchir à mon avenir… ». Celui qui avoue ne pas avoir été un lycéen brillant a toutefois survolé ses études de médecine, qu’il a exercées à Sorbonne Université (anciennement Paris VI). « J'ai fait mon premier semestre sur le campus Pierre et Marie Curie et la suite à la faculté de médecine à quelques pas de là. Je logeais dans une chambre de bonne à Cluny. J’ai passé la grande partie de ma vie étudiante dans ce quartier. »

Diplôme en poche, ce Parisien pure souche décide de quitter la capitale pour la Cité des Ducs… et se rapprocher de la mer. « En choisissant Nantes pour mon internat, je me suis dit que j'en profiterais pour faire du bateau ! Mais, finalement, je n'en ai jamais aussi peu fait que durant cette période. »  Et pour cause, pendant ces années très intenses, il étudie la chirurgie, se spécialise en urologie et fait, en parallèle, de la recherche appliquée. Rien que ça !

Dix ans plus tard, retour à Paris. Bertrand Guillonneau développe des techniques de chirurgie laparoscopique. « J'ai été l'un des premiers à faire de la chirurgie de la prostate par voie cœlioscopique. Aujourd’hui, c’est devenu commun et cela a évolué vers la chirurgie robotique, mais à l’époque cela n’existait pas. Pour ce travail, j’ai d’ailleurs obtenu en 2001 l'Habilitation à diriger les recherches de Sorbonne Université. »

Cette découverte permet de lui ouvrir un grand nombre de portes, dont celles du Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York - l’un des plus grands hôpitaux au monde en cancérologie - dans lequel il a exercé pendant dix ans, ainsi que celles de la Cornell University (État de New York) où il a été nommé professeur d’urologie. « Cette expérience américaine était formidable ! Mais l'Europe me manquait et j'ai pris la décision d’y retourner avec ma famille. Depuis quatre ans maintenant, j’exerce à Berlin à l'hôpital de La Charité. » Avec son parcours académique et sa carrière internationale, Bertrand Guillonneau est sans aucun doute un chirurgien atypique.

Hisse et oh !

Quand on lui demande : « D’où vient cette passion du bateau ? », Bertrand Guillonneau répond : « À 15 ans, mon père, qui cherchait à m’occuper, m'a demandé si je souhaitais aller faire une initiation à la voile. J’ai accepté sans hésiter, et au bout de la première matinée, j’étais conquis ! ». Quant à la course de bateaux à proprement parler, c’est arrivé bien plus tard, dans les années 2000. Un de ses amis lui raconte alors son expérience de traversée transatlantique… et lui transmet le virus. « En 2006, j’ai assisté au départ de la Route du Rhum et j’ai trouvé cela phénoménal. Quand les navigateurs se sont élancés, je me suis dit : il faut que je le fasse ! ».

Dont acte. Quatre ans plus tard, le chirurgien, désormais skipper, effectue sa première Route du Rhum en 21 jours. 
« Quand j’ai commencé, je ne connaissais rien aux bateaux de course, c'était un autre monde. Il a fallu que j'apprenne. J'ai fait comme j'ai pu et je me suis bien amusé ». Il enchaînera d’autres grandes courses nautiques comme la Transat Jacques Vabre en 2013 et la Québec Saint-Malo en 2016.

En 2019, à son arrivée à Berlin, il décide d’y mettre un terme… mais c’était sans compter la pandémie de Covid qui contrecarre ses plans. « Comme beaucoup de monde, je n’ai pas très bien vécu cet enfermement. Toutes les nuits, je rêvais que je faisais du bateau. C’était un signe ! »
Bertrand Guillonneau se met alors à plancher sur un nouveau projet et passe commande pour un bateau de course performant. « C’était un long processus. J’ai été en contact régulier avec celui qui supervise le chantier, ceux qui s'occupent de l'électronique, des voiles, du mat… Chacun a sa spécialité. Il y a ensuite tout un travail d'ajustement et de mise en commun de tous ses équipements. »

« C’est tout naturel que Sorbonne Université embarque à mes côtés »

Au programme du carnet de bord de Bertrand Guillonneau : concourir à la Transat Jacques Vabre qui relie Le Havre à Fort-de-France fin octobre, et faire d’autres courses les deux prochaines années jusqu’à la fameuse Route du Rhum en 2026… si tout se déroule comme prévu et que le skipper trouve des partenaires !

Car si, au tout début de son parcours de navigateur, Bertrand Guillonneau concourait pour lui-même, il en a cette fois décidé autrement. 
« Lorsque j’ai choisi de me relancer dans l’aventure, j’ai longuement réfléchi aux messages que je souhaitais faire passer. J’avais envie de parler de médecine, bien sûr, et l’association Movember est parfaite pour cela. Mais, je voulais aussi parler d’éducation. J’avais en-tête ce qui se fait aux États-Unis : concourir pour son université et valoriser sa formation universitaire. Soyons honnête, je dois ma réussite professionnelle à Sorbonne Université », explique le chirurgien. 
Et, d'ajouter : « Cela me paraissait naturel qu’elle embarque à mes côtés. Aussi, quand j’ai découvert qu’elle était la première université maritime d’Europe, je me suis dit que c’était l’occasion de le faire savoir au plus grand nombre. De fil en aiguille, j’ai été mis en contact avec l’Institut de l’Océan et l’enseignant-chercheur François Ravetta2. Il m'a proposé d’embarquer sur le bateau un capteur d'analyse des nuages dont les données récoltées seraient utilisées par ses étudiants. »  Tout un programme !

Vous connaissez la citation, « L’important est de participer ».  Le skipper ne semble toutefois pas du même avis. Lui vise la victoire. « Quand je fais une compétition, c'est pour gagner. Cela dit, je ne suis pas dupe, je sais que c'est peu probable que je remporte ces courses au large, mais je ne suis pas à l'abri d'un coup de chance. Je vais me donner tous les moyens pour y parvenir. »
Nous le suivrons de près !



1: La fondation Movember s’est donnée pour mission de changer durablement, à l’échelle mondiale, l’image de la santé masculine. Pour mener à bien cette mission, elle recueille des fonds pour mener des programmes de recherche et de soutien et des actions pour transformer en profondeur la façon dont les hommes sont soignés et encadrés par les services de santé. Depuis 2003, des millions de personnes ont rejoint le mouvement, contribuant à financer plus de 1 250 projets axés sur la santé mentale et la prévention du suicide, le cancer de la prostate et le cancer des testicules.

2 : François Ravetta est chercheur au laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales (CNES/Sorbonne Université/CNRS/Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)

Courses à venir 

  • La Transat Jacques-Vabre du Havre à Fort-de-France fin octobre 2023 : course en double
  • The Transat CIC, en solitaire, de Lorient à New York en 2024 : course en solitaire 
  • La Transat Québec Saint-Malo en août 2024 : course en équipage