Histoire

Histoire

L’histoire de Sorbonne Université est indissociable de celle de l’Université de Paris, fondée au XIIIe siècle, et du lieu qui en est devenu son principal centre de rayonnement, la Sorbonne.

Histoire

C’est dans ce creuset de l’Université de Paris, réorganisée sous la Troisième République puis éclatée en treize universités autonomes en 1968, que les trois facultés constitutives de Sorbonne Université se sont progressivement structurées, s’implantant dans des bâtiments qui constituent aujourd’hui une part essentielle de son identité.

La « Sorbonne » historique

L’Université de Paris naît au tout début du XIIIe siècle avec l’apparition de la corporation des maîtres et étudiants parisiens (universitas magistrorum et scholarium Parisiensis) venue concurrencer l’enseignement dispensés dans les écoles du cloître de Notre-Dame de Paris, sur l’Île de la Cité. Cette première « université » se dote de règlements et de statuts propres, se structure en quatre facultés (arts libéraux, droit, médecine et théologie) et, si elle ne dispose alors pas véritablement de bâtiments propres, s’enracine sur la rive gauche de la Seine.

Afin d’accueillir les étudiants qui affluent de toute l’Europe et se regroupent en « nations », de nombreux collèges sont créés sur les flancs de la Montagne Sainte-Geneviève. Celui fondé par le maître en théologie Robert de Sorbon, reconnu par le pouvoir royal en 1257, devient la principale implantation de la Faculté de théologie. Le collège de « Sorbonne » acquiert une renommée considérable, contribuant au rayonnement européen de l’Université de Paris. Les lieux d’enseignement liés aux différentes autres facultés sont dispersés dans le même quartier, au gré de la multiplication des collèges, mouvement continu jusqu’au XVIIe siècle, où sont créés bibliothèques et salles de cours magistraux.

Le XVIIe siècle marque une étape importante dans l’histoire matérielle de la Sorbonne : devenu proviseur du collège de Sorbonne en 1622, le cardinal de Richelieu charge l’architecte Jacques Lemercier de rénover et de réunir l’ensemble des bâtiments disparates qui composaient alors le collège. Une chapelle à coupole d’inspiration baroque (1635-1642) est notamment créée au cœur de la Sorbonne rénovée. Si, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l’Université établit son siège dans les locaux du collège Louis-le-Grand laissés inoccupés par l’expulsion des Jésuites en 1762, aucun projet d’ampleur ne vient encore révolutionner la place qu’occupent les différentes facultés dans le quartier Latin.

La « Sorbonne » historique

Le tournant du XIXe siècle

Supprimées en 1793, les facultés sont recréées sous l’Empire en 1806, date de naissance officielle des facultés de lettres et de sciences. Il faut néanmoins attendre la Troisième République pour que l’Université de Paris entame sa mue institutionnelle et pour que s’opère enfin une rationalisation de l’espace universitaire.

La dynamique qui aboutit en 1896 à la réorganisation des facultés réparties sur le territoire national en « universités », est accompagnée dans les années qui précèdent par une démocratisation du public étudiant, l’accès très progressif des femmes aux cursus, la spécialisation des enseignements et la création de laboratoires de recherche. C’est dans ce contexte que la Sorbonne, où les enseignants déploraient depuis longtemps « l’insuffisance des locaux », bénéfice enfin d’un projet ambitieux de rénovation sous le pilotage de l’architecte Henri-Paul Nénot. En trois chantiers successifs s’étalant de 1882 à 1901, et après la démolition des bâtiments de Lemercier (à l’exception de la chapelle), les facultés de sciences et de lettres s’installent dans la nouvelle Sorbonne. La Faculté de médecine continue d’occuper une place à part : ayant quitté son implantation médiévale de la rue de la Bûcherie à la fin du XVIIIe siècle, elle se déploie rue de l’Ecole-de-Médecine, dans de nouveaux locaux enveloppant l’ancienne Ecole royale de chirurgie.

La spécialisation des enseignements, via la création de chaires dédiées, participe au développement de nouvelles disciplines et de nouveaux champs de recherche et d’expérimentation. La création de stations marines rattachées à la Faculté des sciences est symptomatique de ce processus. Celles de Roscoff et de Banyuls-sur-Mer, sont respectivement fondées en 1872 et 1882 par Henri de Lacaze-Duthiers, directeur du laboratoire de zoologie expérimentale de la Sorbonne et pionnier de la biologie marine. La structuration de ces nouveaux enseignements s’accompagne de la constitution de fonds de référence destinés à l’étude et à la recherche, notamment de collections de spécimens ou d’échantillons encore aujourd’hui conservées à Sorbonne Université, ainsi que d’importantes bibliothèques.

Le tournant du XIXe siècle

De la nouvelle Sorbonne à Sorbonne Université

La première moitié du XXe siècle est marquée par l’augmentation continue de la croissance étudiante et les laboratoires de la Sorbonne sont le théâtre de nombreux développements scientifiques. Rue Cuvier, dans des bâtiments nouvellement affectés à la Faculté des sciences, Marie Curie poursuit après le décès de Pierre Curie en 1906 ses travaux sur le radium, couronnés en 1911 par le prix Nobel de chimie. La Sorbonne reste longtemps le cœur battant de l’Université de Paris mais plusieurs « annexes » sont construites dans l’entre-deux-guerres. Nénot réalise entre 1914 et 1926 l’Institut de Géographie, rue Saint-Jacques, et un Institut d’Art et d’Archéologie, conçu par l’architecte Paul Bigot (1925-1928), est édifiée rue Michelet. L’Institut d’Etudes hispaniques est quant à lui inauguré en 1929, sur des plans d’Edouard Lambla de Sarria.

Cet essaimage se poursuit après 1945, avec l’installation de laboratoires de la Faculté des sciences sur le campus d’Orsay en 1956, le transfert d’une partie des enseignements de la Faculté des lettres sur les sites de Censier et de Nanterre, et l’affectation du quadrilatère de la Halle aux Vins à la Faculté des sciences, afin qu’elle se dote de locaux à sa mesure. Les travaux menés sur le campus Jussieu (actuel campus Pierre et Marie Curie), officiellement lancés en 1958 avec la construction de premières barres par Urbain Cassan, ne seront jamais véritablement terminés. La prise en main du projet par Edouard Albert, en 1962, sous l’impulsion d’André Malraux, conduira à la réalisation du célèbre « gril » et à la commande de nombreuses œuvres d’art réalisées au titre du 1 % artistique. Le tout est dominé par une tour de 85 mètres de hauteur, la Tour Zamansky, clin d’œil à la tour d’astronomie de la Sorbonne « historique ».

Promulguée après les événements de Mai 68, la loi d’orientation de l’enseignement supérieure, dite loi Faure, accordant plus d’autonomie aux établissements, se traduit par la disparition de l’Université de Paris en tant que telle et l’éclatement de ses facultés. Treize universités voient le jour, dont l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), spécialisée en lettres, arts et sciences humaines, et l’université Pierre et Marie Curie (UPMC - Paris VI), spécialisée en sciences et médecine. La Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière est officiellement créée.

Dès le début des années 2000, Paris-Sorbonne et l’UPMC engagent des collaborations académiques, qui se renforcent en juin 2010 avec leur regroupement au sein du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) Sorbonne Universités, devenu Communauté d’universités et d’établissements (COMUE) en 2015. La sélection du projet « Sorbonne Universités à Paris pour l’éducation et la recherche » (SUPER) au titre d’Idex en 2015 permet aux deux universités de mener de nombreux projets communs. C’est dans la continuité de cette histoire commune que les présidents de Paris Sorbonne et l’UPMC proposent en 2015 à leurs communautés de créer une nouvelle université unique, pluridisciplinaire et de rang mondial, Sorbonne Université, née le 1er janvier 2018.