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Patrizia Ingallina

Professeure en Aménagement de l'Espace et Urbanisme

L’urbanisme est révélateur d’enjeux sociétaux, et son enseignement doit évoluer au fur et à mesure que les sociétés évoluent.

Architecte et urbaniste, Patrizia Ingallina dirige actuellement le master Urbanisme et Aménagement de la faculté des Lettres de Sorbonne Université. Forte d’un parcours entre recherche, enseignement supérieur et activités professionnelles, la professeure a aujourd’hui à cœur de favoriser le dialogue entre professionnels et monde universitaire. 

Une priorité qui a permis l’engagement, au côté de l’équipe enseignante du master Urbanisme et Aménagement, des entreprises AREP, Resallience, EMBIX et Icade par le biais d’un mécénat de compétences porté par la Fondation Sorbonne Université.


Parlez-nous de votre parcours et de ce qui vous a amené aujourd’hui à enseigner l’aménagement de l'espace et l’urbanisme à Sorbonne Université. 

Architecte et urbaniste de l’État en Italie depuis 1982, attachée à l’enseignement à l’Université de Florence entre 1982 et 1985, j’ai obtenu mon doctorat en Géographie et Aménagement de l’espace à Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 1993. 

J’ai mené ma carrière universitaire en parallèle de mon activité professionnelle : à Florence d’abord auprès de bureaux d’études, d’agences d’architecture, mais aussi de la Direction du Patrimoine en qualité d’architecte des monuments historiques ; par la suite à Paris dans des agences d’architectures et des bureaux d’études.

Maîtresse de conférences à l’Institut d’Urbanisme de Paris, de 1995 à 2007, j’ai pu mettre en place les premiers enseignements autour du projet urbain, mon principal sujet de recherche. J’ai ensuite rejoint en qualité de Professeure l’Université de Lille puis Sorbonne Université en 2013, où je dirige actuellement le master Urbanisme et Aménagement.


Selon vous, comment les professionnels peuvent-ils contribuer à la recherche et à la formation en urbanisme ?

L’interaction avec les professionnels m’a permis d’avancer dans mes recherches tout en étant au plus près des soucis opérationnels car l’urbanisme ne relève pas des sciences exactes, mais plutôt de pratiques et parfois même de l’approximation. Il me plaît de rappeler ici la définition qu’en donnait Marcel Roncayolo, urbaniste et géographe français : « L’urbanisme ? Au fond ce n’est que du bricolage ! ». L’urbanisme ne relève pas d’un secteur disciplinaire, mais du croisement de plusieurs disciplines. Il requiert aussi des compétences spécifiques, par exemple en matière d’environnement, d’énergie, de santé, etc. Enfin, il doit s’appuyer sur l’expérience, ce qui veut dire que la connaissance d’un grand nombre de cas concrets est fondamentale pour la compréhension d’un phénomène urbain.

Actuellement, nous sommes dans une situation de transitions multiples : écologique, énergétique, numérique et économique. Les enjeux de santé, d’abord négligés, sont aujourd’hui au cœur des débats. La résilience urbaine et la résilience sociale sont devenus des impératifs. Tous ces questionnements doivent être réexaminés dans le cadre de nos formations d’urbanisme, et l’implication des professionnels est donc de plus en plus nécessaire. 


Depuis 2020, vous collaborez avec plusieurs entreprises par le biais de mécénat de compétences, pouvez-vous nous en dire plus sur le sujet ? 

L’urbanisme est révélateur d’enjeux sociétaux, et son enseignement doit évoluer au fur et à mesure que les sociétés évoluent. Cette problématique nous a conduit, Loïc Prieur, responsable du master SPMVD (Stratégies Projets et Mobilités dans la Ville de Demain) et moi-même, avec le soutien de l’équipe enseignante, à développer des collaborations avec des entreprises. Accompagnés par la Fondation Sorbonne Université, nous avons ainsi pu mettre en place du mécénat de compétences, une forme particulière de mécénat qui consiste pour l’entreprise à mettre à disposition un salarié volontaire sur son temps de travail. Cette formule nous a permis de fidéliser les entreprises qui bénéficient notamment d’avantages fiscaux. 

Grâce à ces premiers succès, nous développons actuellement de nouvelles collaborations : l’entreprise Icade vient de rejoindre EMBIX, Resallience et AREP. L’entreprise EMBIX est impliquée dans des ateliers numériques sur la thématique de la transition énergétique et du numérique ; Resallience dispense un cours magistral sur la résilience urbaine ; et AREP dispense des enseignements appliqués sur l’analyse urbaine et sur les méthodes de représentation. Quant à l’entreprise Icade, elle intègre des enseignements sur le montage d’opérations immobilières et les stratégies d’acquisition foncière.


Quels sont les avantages de cette démarche pour les étudiantes et étudiants ?

Nos étudiantes et étudiants se sont montrés enthousiastes ! Ils ont pu travailler sur des sujets qu’ils n’avaient jamais abordé dans leurs formations précédentes. Côtoyer de si près des professionnels spécialisés dans des domaines pointus a été à la fois bénéfique et rassurant. Nos étudiantes et étudiants en sont sortis rassurés sur beaucoup de sujets qui sont actuellement centraux mais sur lesquels il y a encore un certain flou (sur la notion de « smart grid » par exemple). Ils ont également reconnu que les professionnels impliqués s’intègrent bien au corps enseignant et participent donc au bon déroulement de la formation. Aussi, ils ont pu bénéficier du réseau de professionnels pour trouver un stage.

Quel message auriez-vous pour une entreprise qui envisage aujourd’hui de s’engager auprès de l’Université et de sa fondation au travers d'un mécénat de compétences ? 

Le mécénat de compétences est destiné à se développer. Impliquer les professionnels permet d’une part de soutenir et de renforcer l’enseignement (pour rappel, un master professionnel doit obligatoirement impliquer 70% d’enseignants professionnels), d’autre part cela permet de faciliter l’accès aux stages et ensuite à un emploi... nous fabriquons les professionnels de demain !  

De notre côté, nous envisageons d’organiser des rencontres thématiques, par exemple sur la transition énergétique ou sur la santé en ville, de façon à encourager les échanges et débats aussi bien avec la communauté étudiante et le corps enseignant qu’entre professionnels. On est ainsi gagnant des deux côtés, côté formation et côté entreprise ! Enfin, la possibilité d’ouvrir notre master à l’alternance n’est pas à écarter, le mécénat de compétences n’étant pas incompatible avec d’autres formes de partenariat. 
 

La Fondation Sorbonne Université

La Fondation Sorbonne Université œuvre pour développer des solutions concrètes aux grands enjeux sociétaux et assurer le rayonnement académique de Sorbonne Université. Elle agit en faveur de l’attractivité nationale et internationale de l'université, de la pleine mobilisation de sa communauté y compris de ses diplômés, et d’une synergie accrue avec le monde économique.


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